"Si les mortels se décidaient à rompre avec la Sagesse et vivaient sans cesse avec moi [la folie], au lieu de l'ennui de vieillir, ils connaîtraient la jouissance d'être toujours jeunes". Éloge de la folie , Erasme de Rotterdam. (1466-1536).
Maurizio Cattelan, émerge de la scène artistique italienne des années quatre-vingt-dix en qualité d'héritier de la culture populaire de l'après guerre de l'Arte Povera et de l'esprit iconoclaste et subversif de Piero Manzoni. Son œuvre fait souvent appel à une utilisation lapidaire et nihiliste de la banalité du monde.
Situé dans l'esprit satirique italien et dans la grande tradition duchampienne l'œuvre "Spermini"(Petits spermes, 1997) montre 150 masques en latex, des autoportraits de l'artiste peu différents les un des autres. Dans cette œuvre on retrouve la duplicité, l’enjeu du double, la réplique de l’artiste. Un hilare aspect de l'ingénierie génétique où Cattelan donne vie à une descendance éblouissante et une référence au pouvoir métaphorique du masque, objet en relation avec l'identité. Cattelan définit le recours à sa propre image comme un support afin de faire naître une certaine sympathie et empathie chez le spectateur.
Lorsqu’Erasme fait parler la folie, il use du masque comme moyen pour éviter la censure, tout comme le fou du roi simule l’idiotie pour mieux faire passer la critique ou le conseil. Cattelan participe de cette connivence d’esprit, être "fou" ou prétendre l’être, permet de dire ce que l’on pense, tout au moins de l’insinuer. C’est une façon détournée de dire la vérité!
Maurizio Cattelan est né en 1960 à Padoue, Italie.