dimanche 16 septembre 2007

«Questo matrimonio non s’ha da fare…»

«Le metteur en scène de mariages», de Marco Bellocchio.
Le cinéma italien n'est pas mort!
Le dernier film de Marco Bellocchio actuellement en programmation en France aprés avoir participé à Cannes 2007, nous en donne un aperçu. Le réalisateur explique «c’est un film qui naît d’une image, une image fortuite sur la plage de Scilla en Calabre que Il regista di matrimoni est né : un couple de jeunes mariés filmé par un réalisateur de mariage… Assis sur le sable (exactement comme le héros du film), j’observais non sans stupeur l’obéissance avec laquelle les deux jeunes gens effectuaient tout ce que leur disait de faire le réalisateur. Je fus étonné par cette obéissance chez ces deux jeunes qui ne demandaient aucune explication (comme les acteurs professionnels), ces jeunes qui avaient encore toute la vie devant eux pour faire ce qu’ils voulaient. La vie, heureusement faite aussi de refus, de désobéissance, de rébellion à l’ordre établi semblait pour eux déjà toute tracée, comme si le double “oui” devant le prêtre ou devant un représentant de l’Etat civil, avait été une capitulation définitive, comme si, avec le mariage, ils étaient entrés dans le monde obéissant et rationnel de leurs pères, des pères de leurs pères qui s’étaient mariés avant eux».Les temps du film est fait d’amorces, une lutte contre le temps qui passe, une bataille contre l’emprisonnement des conventions sociales.

Marco Bellocchio explique «Bona devra son salut à cette passion qui - comme Thésée dans le labyrinthe – guidera Franco et lui évitera les dangers, même mortels, qu’il trouvera disséminés sur sa route… Mais Franco n’est pas un héros né, c’est pour cela qu’il trébuchera souvent sur ce dangereux chemin, presque volontairement, comme s’il avait peur de gagner, de conquérir la femme aimée et d’être heureux avec elle. A un pas de la victoire, il va risquer de tout perdre, à croire qu’il fait exprès de se tromper, pour reporter toujours cette victoire.
Cette force discontinue, interrompue par des absences, par la lâcheté, et par des fuites soudaines tout près du but, est le mouvement, l’image de base presque du film, cette perpétuelle alternance de bonheur total et de sa négation immédiate, de transport et de complète paralysie, ce n’est pas sans rappeler l’acte sexuel qui tend naturellement à l’orgasme (dans le sens de perte de conscience), et qui est, de fait, continuellement menacé et agressé par la propre conscience, qui a peur de se perdre, de ne plus se réveiller….»
N
otes du metteur en scènes: Marco Bellocchio.

Même si le film est riche en scènes en extérieur, diurnes ou nocturnes, de mer, de ciel, de paysages immenses, de plans généraux, il a été tourné comme en intérieur, de l’intérieur, de l’obscurité vers la lumière.


La frase qui reviens tout au long du film «En Italie ce sont les morts qui font l’histoire…»

"Addio monti sorgenti dall'acque..." (I Promessi Sposi, Alessandro Manzoni, 1840).
Le film est actuellement en programmation à Paris. Pour plus d’information,

le site officiel:http://www.films-sans-frontieres.fr/lemetteurenscene/