samedi 19 janvier 2008

Le Festival d'Angouleme 2008:la Force de l'évenement!

Ldition 2008 du Festival d'Angouleme danse le Tango!Le maître argentin José Munoz est à l'honneur cette année. L'impact de José Munoz , un vrais virtuose du blanc et noir, et narrateur radical revendicant une pratique engagée de la bande dessinée, s'est avéré majeur pour de nombreux auteurs de la bande dessinée contemporaine.

Le Festival d'Angouleme aura lieu du 24 au 27Janvier 2008.

Une édition celle de 2008 riche en événements, voici quelques exemple:
Concerts de bande de dessins, Thomas Fersen illustré par Joann Sfar, Impo BD, Rencontres Internationales, dialogue avec des grands auteurs, Rencontres dessinées, 25 ans de Grands Prix, Le Pavillon Jeunes Talents, "Lou", une star en herbe de la bande dessinée, Concours de la BD Scolaire.

Le MANGA BUILDING. L'ouverture vers le MANGA.

L'Ecole Eurasiam présente au Manga building.




Voir la vidéo: http://francelocaletv.com/index.php?v=216&p=video&s=angouleme

Exposition Science Fiction: Ville du Futur. Luciano Bottaro, le genie d'un maitre. Ben Katchor, un créateur en liberté. Les 50 ans des Schtroumpfs.
Site web :http://www.bdangouleme.com/ Dossier de presse: http://www.bdangouleme.com/fibd-67-pres

...Il était une fois...Le Festival d'Angouleme!
TOUT COMMENCE FIN 72, avec une exposition intitulée “Dix millions d’images”. C’est l’ébullition ! Éditeurs, libraires, dessinateurs et lecteurs vivent quinze jours d’euphorie. La municipalité d'Angoulême décide la création d'un Salon : la première édition est inaugurée le 25 janvier 1974. Pratt signe l’affiche. Hogarth, Kurtzman, Tillieux, Franquin honorent le nouveau-né de leur présence.

CETTE MEME EPOQUE (1973-1978) voit la création de nombreuses revues spécialisées : L’Echo des Savanes, Fluide Glacial, (À Suivre), Circus, Métal Hurlant, entre autres. La bande dessinée vit une formidable mutation. Les auteurs les plus célèbres sont à Angoulême : Hergé, Eisner, Reiser, Moebius, Gotlib, Tardi, Bilal...

• CONTRE VENTS ET MARÉES, le Salon surmonte tempêtes et obstacles divers, pour avoir eu la judicieuse idée de fonder son existence sur une plus vaste ambition : faire d’Angoulême la ville de la bande dessinée, au-delà des journées de janvier.

Chaque année depuis 1974, le Festival International de la Bande Dessinée prouve combien le «neuvième art» compte parmi les formes d’expression les plus vivantes et créatives de son temps. Voici un bref rappel de sa très riche histoire, pour mémoire.

Mon carnet de voyage au coeur du Festival d'Angouleme 2008.




vendredi 11 janvier 2008

The GUEST of the month "Janvier 2008": Thierry Falcoz, Journaliste Spécialisé dans le "Jeu Vidéo".

Un jeu vidéo est avant tout un moyen d’évasion et d’apprentissage, au même titre qu’un livre ou un film. Sa différence tient à une chose aussi simple qu’évidente, le joueur contrairement au lecteur ou au spectateur, est également acteur. Si l’on devient aussi acteur d’un livre ou d’un film par le biais d’une identification naturelle, être acteur d’un jeu a ceci de particulier, que sa narration contraint le joueur à une participation physique. Jouer à un jeu vidéo, c’est être acteur d’une pièce de théâtre. Tout est déjà écrit, la fin souvent connue, et pourtant le jeu de scène et les choix de narration suffisent à re-créer sans cesse l’élément de surprise.Tout a commencé pour moi dans les années 80. J’avais un peu plus d’une dizaine d’années alors, des lunettes et une coupe de cheveux de premier de la classe. Nourri aux dessins animés japonais et aux aventures de la Bibliothèque Verte, Jack London et Maurice Leblanc ; un nouvel univers allait s’ouvrir à moi, contenu dans des cartouches noires grosses comme la main.
Mon premier ordinateur fut un MSX Canon V-20, une tentative de standard en provenance du Japon (pays de tous mes fantasmes culturels) qui tenta de s’imposer sur le marché européen dans les années 80. Le MSX avait de quoi séduire ! Véritable ordinateur (avec un clavier et parfois un lecteur K7 intégré), il proposait également un support cartouche qui en faisait une espèce d’hybride entre l’ordinateur personnel (programmer, dessiner, écrire) et la console de jeu. Derrière les cartouches se dissimulaient de nombreux éditeurs, mais le plus grand d’entre tous était Konami (le premier Metal Gear est ainsi un jeu MSX et non PlayStation !).
Cette machine fut un peu mon ami imaginaire à moi (le Hobbes de Calvin). Il ne se nourrissait que de cartouches achetées sur Paris avec mon père et chaque cartouche était en soi un objet magique, une véritable lampe d’Aladin, un monde en sommeil dont je dévorais le manuel dans le RER direction Marne La Vallée. Nemesis/Gradius, Antartic Adventure, Road Fighter, River Raid, King’s Valley, Maze of Galious… Autant de noms qui me replongent en un instant dans des mondes de pixels. J’ai ainsi eu une enfance de pixels, partagée par ma sœur, puis quelques années plus tard par mon frère et ma petite soeur. Mon adolescence fut celle d’un geek pur et dur. Débarqué au collège j’ai très vite noué des liens avec les ‘pirates’ du coin pour parfois récupérer des jeux (sur disquettes ou K7) avant même d’avoir la machine qui allait avec ! Faire des listes de jeux, les copier, les terminer, les classer, les noter, dévorer les magazines spécialisés, écrire mes propres tests devint rapidement une activité à plein temps. Malins, mes parents ont vite compris que pour me motiver question ‘notes’, il fallait jouer de ma passion. L’Amiga fut ainsi la plus efficace des carottes pour l’obtention du brevet ! Au Lycée, je fus évidemment un éminent membre du club informatique, même si ce dernier ne proposait que des Atari ST !
J’ai ainsi vécu des aventures inoubliables durant ces années ludico-estudiantines avec des jeux tels que Monkey Island 2, Another World, Les Voyageurs du Temps, Prince of Persia, Dungeon Master, Black Crypt, Ultima Underworld, Final Fantasy VII, Lands of Lore, Day of the Tentacle, Doom, Super Mario World, Sensible Soccer, Chrono Trigger… pour ne citer que les premiers qui me viennent à l’esprit. Je pourrais longuement m’épancher sur chacun d’eux, mais ce serait trop long. Ces jeux ont développé chez moi une véritable passion qui s’est finalement concrétisée à travers les mots et mes premiers pas en presse papier sur le magazine Génération 4 au début des années 90. Une enfance de pixels donc, pour une carrière qui le sera tout autant. Une véritable chance.
Pour certains esprits peu curieux le jeu vidéo est un loisir qui isole. C’est pourtant tout le contraire. Le jeu chez moi a nourri une curiosité qui est devenue avec le temps une véritable hygiène de vie. Sans le jeu vidéo je ne parlerais sans doute pas anglais, je ne serais peut être pas fasciné par les processus de création, ni même intéressé par les cultures qui enrichissent notre monde, je ne lirais pas autant, et surtout, je n’écrirais pas. Et quand je parle d’écriture, je ne parle pas de scénarios de jeu vidéo ou de chroniques sur les blogs d’amis précieux, non, je parle d’histoires et de partage. Le jeu vidéo (du moins un certain nombre) a provoqué chez moi les émotions les plus diverses, des émotions dont l’apprentissage et le partage est la clé de toute vie. Au même titre que je suis avec passion le parcours de certains réalisateurs et écrivains, je suis celui de nombreux créateurs de jeux qui me passionnent par leur talent, leur personnalité et leur capacité à créer des mondes où la magie est au cœur de leur existence.
Vive le jeu vidéo !
Thierry Falcoz, passionné de jeu vidéo, journaliste spécialisé depuis 14 ans.


LEGENDES

River Raid – 1982
Dans mes souvenirs, le jeu le plus difficile auquel j’ai pu jouer.


Arkanoid – 1986
Souvenir d’une traversée de la manche à bord d’un Ferry…


Nemesis –1986
Où quand la répétition des gestes pour tendre à la perfection devient symphonie.


Dungeon Master - 1987
Des couloirs gris, une main et des heures de errance sonore à tracer des plans sur papier.



The Maze of Galious – 1987
Un des premiers RPGs auxquels j’ai pu jouer avec ma sœur.


Cartouche MSX
Un monde en sommeil plein de promesses.


Another World – 1991
Un jeu d’une extrême sensibilité dont la forme visuelle rejoint le propos épuré.


Monkey Island II – 1992
Mille fois plus drôle et fin qu’un Pirates des Caraïbes !


Doom – 1993
Quand la peur se fait pour la première fois viscérale et subjective.


Chrono Trigger – 1995
La magie RPG made in Japan dans sa quintessence !

vendredi 4 janvier 2008

L'Enfer de la Bibliothèque, Eros au secret.

«Per me si va tra la perduta gente [...] / Lasciate ogni speranza, voi ch'entrate» «Par moi on va parmi les êtres perdus [...] / Laissez tout espoir vous qui entrez» Vers gravés au-dessus de la porte de l'Inferno. Dante Alighieri Enfer, 3e chant, vers 3 et 9.
Exposition en programme du 04 décembre 2007 – au 02 mars 2008
Site François-Mitterrand / Grande Galerie
L’Enfer à la Bibliothèque, l’Eros au secret est une exposition actuellement en programmation à la Bibliothèque Nationale de France. Présentée à l’intérieur du bâtiment métaphore architecturale d’une littérature ouverte sur la société réalisé par Dominique Perrault en 1995; cette exposition essaye de retracer l’histoire de la constitution de «l’Enfer», ce lieu abstrait, territoire majeur de l’interdit où toutes les images et les textes réputés «censurables» étaient rassemblées dernière une cote, ou un numéro de classement.
Mais, cette réputation sulfureuse de l’Enfer, ce lieu de l’Eros interdit est-elle vraiment justifiée ?
En effet l’Enfer n’est pas un lieu sans fascination, et même la signalétique extérieure de l’exposition réalisée avec un jeu de lumières rose croisées sur une des façades de la grande Bibliothèque ne suscite pas moins d’intérêt et d’intrique.
Malheureusement le dispositif employé dans l’exposition reste malgré toute attente très décevant. Pourquoi ne pas avoir envisagé un parcours en forme de labyrinthe, sans doute plus proche de l’image de l’Enfer ? Pourquoi ne pas avoir fait participer dans le parcours de l’exposition le spectateur en rôle d’acteur, de voyeur-regardé, observé, scruté par le regard des autres? Pourquoi ne pas avoir osé des jeux de miroirs, des lumières, des ambiances feutrées ? Malgré ma déception liée à la scénographie, l’exposition présente une série de magnifiques gravures érotique des grand maitres japonais.

L’Enfer du département des estampes recèle prés de 200 gravures et plus de 100 livrets xylographiques illustrés qui couvrent deux siècles de l’histoire de l’art érotique du Japon, des années 1670 à la fin du XIX siècle. Il ne s’agit pas de simples gravures, mais d’ukiyo-e «image du monde flottant», qui prends le nom de l’école picturale qui domine l’art de l’estampe à l’époque d’Edo (1603-1868). L’expression de «monde flottant», ukiyo, apparaît au Moyen-âge dans le vocabulaire bouddhique pour désigner le monde de douleur qu’est la vie humaine avec tout ce qu’elle a de transitoire et d’impersonnel. Au XVIIème siècle, la signification de cette expression change totalement de son sens premier, puisqu’elle sert à évoquer le théâtre kabuki et les prostituées.

Le terme ukiyo apparaît pour la première fois dans la littérature vers 1661. Le terme ukiyo-e apparaît vers 1680 pour désigner le mouvement artistique spécialisé dans l’évocation de ce monde des plaisirs.
Durant l’époque Edo le nom de shunga, «image du printemps» s’applique aux estampes qui ont un sujet à caractère érotique ou pornographique. Les shunga étaient au XIIIème siècle des religieux bouddhistes peintres d’images sacrées au Jingo-ji et au Kôzan-ji à Kyôto.Les Japonais contrairement aux européens de la même époque n’ont pas de tabous vis à vis des relations sexuelles.
Ils les considèrent comme quelque chose de normal et les assimiles aux autre actions de la vie courante. Les premiers livres illustrés de pratiques sexuelles sont apparus à l’époque Nara et étaient appelés osokuzuzu no e «images des positions». L’un des plus célèbres albums, le Yôbutsu Kurabe «Concours de phallus», attribué à Toba Sôjô, montre les relations intimes des nobles de la cour impériale. Avec l’apparition de l’estampe ukiyo-e à l’époque d’Edo le genre shunga se développa à partir de 1660 sous le nom d’ukiyo-e shunga.

L’une des caractéristiques du genre shunga est de dépeindre les organes génitaux masculins de manières exagérément agrandie. Cette disproportion souligne que les shunga ont aussi une vocation humoristique, ils furent ainsi parfois appelés warai-e «images pour rire». Il faut aussi tenir compte du texte qui accompagne l’image, il éclaire l’image et invite souvent le spectateur à la gaité par un jeu de mots ou une anecdote. En 1722 un décret du shogun Yoshimune Tokugawa interdit toutes les œuvres qui portent atteinte à la moralité, d’autre interdictions, toujours contournées, suivront ainsi les lois régissant l’édition de 1790 interdisent les images érotiques. Dés lors les shunga ne sont plus signés et surnommés abuna-e «les images dangereuses». Les shunga servirent aussi illustrer les keisei-mon «livres sur les prostituées», guides des maisons closes.

L’exposition L’Enfer à la Bibliothèque, l’Eros au secret, reste malgré l’annonce du monumental X sur la façade du bâtiment, très conventionnelle. En pénétrant dans l’espace je m’attendais à une visite de cabinets des curiosités, et j’ai trouvé une succession de vitrines mal éclairées. Et alors permettait moi de dire que plutôt que l’Eros au secret on ferais mieux de parler d'un mauvais exemple d’Eros « IN VITRO ».


«Nous ne vivons que pour l’instant ou nous admirons la splendeur du clair de lune, de la neige, des fleurs de cerisiers et des feuilles colorées de l’érable. Nous jouissons du jour, enivrés par le vin, sans nous laisser dégriser par la misère qui nous fixe de son regard. Dérivant comme une calebasse emportée par le courant de la rivière, nous ne nous laissons pas décourager un seul instant. C’est ce qu’on appelle le monde flottant et éphémère. » Asai Ryoi, Récit du monde éphémère des plaisirs, Kyoto 1661.

mercredi 2 janvier 2008

The GUEST of the month: "Décembre 2007": Karen Guillorel, Editeur Independant.

M.B. Bonjour Karen, parle-nous de toi.
K.G. J'ai 29 ans, je suis possédée par la création artistique et le voyage, couple paradoxal qui illustre très bien ma relation passionnelle au monde, le voyage me projetant vers les autres, vers l'extérieur, tandis que la création a un petit côté autiste. Le mélange des deux est explosif et fait que je suis une addicte du travail !

M.B. Qu'est-ce que le voyage représente pour Karen Guillorel ?
K.G. J'ai ça dans le sang, je crois. J'aime qu'au moment où je me suis enfermée sans le savoir dans une image préconçue de quelque chose, l'épreuve du réel vienne mettre ça en miette. Le voyage pour moi c'est une exhortation à se rendre compte de la complexité des hommes et des éléments. Ça m'ôte la voix, donc ça mène nécessairement à la création dans mon cas, que ce soit l'écriture, le dessin ou la vidéo.


M.B. Quelle est la place du voyage dans ta vie ?
K.G. Prépondérante, comme tu as pu le constater, j'aime l'idée d'une vie à moitié en voyage, à moitié sédentaire. Le voyage social aussi m'intéresse beaucoup. J'ai fait pas mal de métiers différents pour aller voir comment c'était (et pour gagner ma vie, comme tout le monde). Je suis fascinée par le fait qu'on soit si divers, si intéressés par des choses si différentes !

M.B. Tu as entrepris un voyage à pied jusqu’à Istanbul, comment il est né ce projet ? Peux-tu nous parler de cette entreprise proche des Argonautes ?
K.G. Ce voyage a duré 5 mois. J'ai été pour ainsi dire seule ou quasi. Je suis passée par Venise, Zagreb, Sarajevo et Sofia avant d'arriver à Istanbul. Je crois que le kilométrage avoisine 4000 km. Voici pour les détails prosaïques. L' « exploit » physique impressionne beaucoup les gens, et ce n'est pas pour rien que tu parlais des Argonautes je pense, car on pose aisément une dimension épique sur ce type de long périple. C'est assez simple en soi, pourtant : il faut mettre un pied devant l'autre ; c'est un peu comme tirer un son d'un instrument. Mais pour en tirer une mélodie c'est une autre affaire, et pour le voyage c'est la même chose : c'est simple, d'accord, mais il serait malvenu de dire que c'est facile – sinon tout le monde le ferait. Il faut savoir s'ouvrir mais aussi se fermer, sinon on a de gros ennuis. L'équilibre n'est pas simple ! Ce voyage ne s'est pas arrêté à Istanbul puisque j'y ai pris un vélo pour aller jusqu'à Jérusalem. Que dire d'autres si ce n'est que jour après jour, je tenais un carnet de rêves, ceux que je faisais la nuit. Je suis revenue avec sept mois de rêves, une expérience étonnante sur laquelle je vais travailler cette année. Au même titre que j'ai réalisé une série de 200 photographies que certains jugeraient sans doute morbides : à chaque animal terrassé sur la route, je photographiais la dépouille, du papillon au chien en passant par serpents, tortues etc. C'était un moyen de leur donner une sépulture. Je suis en train d'en faire un travail de création là-dessus en ce moment.

M.B. Comment est né le projet Traverse ? K.G. Il y a deux ans j'avais demandé à 15 auteurs, peintres, écrivains, poètes, anthropologue, de travailler sur la vaste thématique du voyage. Ils ont abordé le voyage géographique, mais aussi imaginaire, dans l'amour, la mort, le temps etc. Après la manière dont il existe dans ses spécificités de transmission est née de cette passion pour le voyage et pour l'altérité. Et quand je dis « passion », il s'agit bien de rapport passionnel, puisqu'il y a un rapport amour/haine très fort qui peut surgir en voyage vis à vis de celui que l'on ne connait pas ou qu'on ne comprend pas. Lorsque je suis revenue, j'ai décidé d'éditer Traverses sous la forme d'un ouvrage qui s'échange, un ouvrage qui passant d'une main à l'autre crée du lien entre les gens. Cet ouvrage symboliquement cristallise le fait de surmonter le choc culturel lié à l'Autre et d'aller de l'avant. Il est intimement lié aux interrogations de ce voyage à pied de Paris à Jérusalem. C'est un livre qui voyage de main en main physiquement, mais qu'on invite également à envoyer ou montrer par des voies numériques, en particulier en passant par les métaverses et l'Internet.

M.B. Où peut-on se procurer Traverses ?

K.G. Par le biais de manifestations qui lui sont dédiées, des « passages » qui ont lieu pour la plupart dans des endroits publics : salons, librairies, galeries, mais aussi des bars, des universités, la rue... Et dans les mondes virtuels comme Second life bien entendu ! Une semaine balisée a lieu en janvier 2008 et au printemps qui suivra. Un autre moment fort pour la diffusion de Traverses : j'entreprends l'été prochain un nouveau voyage à pied à travers l'Europe, cette fois d'Espagne aux Pays Bas, de Santiago à Amsterdam. Avec Vincent Radix, nous allons échanger Traverses au jour le jour à ceux que nous croiserons sur le chemin ou qui viendront à notre rencontre, puisque nous porterons un GPS qui permettra aux gens de nous repérer par le biais du site dédié à Traverses. Comme les ouvrages pèsent leur poids, nous partirons avec deux vaillantes montures sur les routes.

M.B. Pourquoi Traverses n’est pas un livre comme les autres ? K.G. C'est un livre qui utilise littéralement les lecteurs pour se déplacer sur la planète. On peut suivre ses migrations sur le globe terrestre à partir de cartes numériques grâce au nom imaginaire quel les lecteurs entrent sur le site. A l'heure actuelle il y a des livres en France, au Mexique, aux Etats Unis, en Nouvelle Zélande, au Burkina Faso, en Italie, etc., et ce n'est que le début !

M.B. Quelle est l’importance d’Internet dans ton projet ?
K.G. Le site qui est dédié au livre permet de suivre les migrations de chacun des ouvrages imprimés, c'est-à-dire de 2000 exemplaires. On peut télécharger l'ouvrage en intégralité également, mais aussi utiliser le lien de téléportation pour aller dans l'espace virtuel créé pour le livre dans Second Life et contribuer à la suite de l'ouvrage en envoyant des images et des textes sur la thématique du voyage. Tout l'écosystème numérique de Traverses est en lien avec la participation des internautes à cette belle aventure.


M.B. Pourquoi avoir choisi de diffuser le livre sur Second Life ?
Pourquoi un métaverse, un monde persistant ?
K.G. Les métaverses permettent justement d'entrer en contact avec l'autre, par hasard, davantage que les réseaux sociaux, qui sont davantage des rassemblements de gens qui se sentent a priori déjà bien entre eux, il me semble. Nous allons y organiser de plus en plus des événements de rencontres entre auteurs, lecteurs, ou personnes désireuses de participer à cette initiative. Lorsque nous serons en voyage, Vincent et moi, des événements d'échange aurons lieu autour de ça, de l'équipée de cet ouvrage à travers l'Europe par les petits sentiers ! L'aspect contributif est mis en avant avec ces livres en 3D conçus par Coulaut Menges de la Bibliothèque Francophone de Second Life, un lieu expérimental très intéressant autour du livre.

M.B. Ton livre est-il téléchargeable gratuitement ? Il s’agit d’une démarche intéressante de la part d’un éditeur. On pourrait considérer ton projet proche de l’idée du « peer to peer » et du partage du savoir ?
K.G. L'ouvrage est téléchargeable intégralement sous forme de pdf. Nous souhaitons pouvoir à l'avenir réaliser d'autres ouvrages financés en amont, à l'aide de dons et de mécénat. Le peer to peer, le libre, méritent d'exister également dans leur forme littéraire et il y a sans doute tout à gagner de mettre en ligne l'intégralité des ouvrages produits, car cela donne envie aux gens de les acheter. Reste le problème de la fabrication de l'ouvrage papier. Et c'est là où un financement par mutualisation internaute devient intéressant. C'est cet aspect que nous allons creuser dans les prochains mois. Le monde de l'édition se penche sur le sujet et certaines personnes y sont très actives, mais le retard est considérable, en comparaison avec le monde de la musique par exemple.



M.B. Quand tu m’as parlé de ton voyage je l’ai tout de suite associé à une performance artistique, à quelque chose qui allé au delà de la simple découverte d’un pays et j’ai pensé à Marina Abramovich et à son voyage performance autour de la Grande Muraille de Chine, ou à ces femmes guerrières de la mythologie grecque qui se mettaient en danger constamment. Quelles sont tes références ?
K.G. J'ai une culture mosaïque, à l'image de la vie que je mène. Mes références : Corto Maltese, Ulysse, Dostoïevski, Basho, Yourcenar, autant que les Bitmap Brothers (des stars de la programmation de jeux vidéo dans les années 80), Lars Von Trier, David Lynch, Leonard de Vinci, mon grand-père et mon compagnon Yann Minh, érudit et artiste de la cyberculture. Un melting pot de culture classique, de culture underground et de plein d'autres choses ayant trait à... la vie ! Je m'y connais peu en art contemporain, à vrai dire, mais je crois qu'effectivement, tu es la personne qui a le mieux saisi la dimension artistique et humaine de mes voyages, et je vais creuser toujours plus dans cette veine-là.

M.B. Dans cette expérience moi aussi j’ai contribué à la diffusion de Traverse, j’étais un «passeur» ? Quelle est l’importance du passeur, quelle est sa fonction ? Tout le monde peut être un passeur ?
K.G. Le passeur est de première importance, c'est un acteur qui participe à rendre l'ouvrage magique. Il fait le liant avec les gens, il réalise la transmission physique de l'objet, mais aussi orale en expliquant la démarche. Ce qui est intéressant avec Traverses, c'est que c'est un ouvrage dont on s'empare. «On», c'est celui a envie de participer à l'aventure. Plus les ouvrages sont palpés et lus, plus les gens y écrivent un mot ou dessinent quelque chose avant de le passer à d'autres mains, plus les livres grandissent comme des espèces d'artefacts.

M.B. Tu as débuté en travaillant dans l’industrie du jeu vidéo. Il y a un fil conducteur avec ton actuelle expérience d’éditeur ?
K.G. J'ai travaillé en leveldesign et en management dans l'industrie du jeu vidéo de type massivement multi joueur sur le jeu Ryzom de Nevrax. En fait c'était plutôt mon dernier métier, car j'ai débuté plutôt dans l'audiovisuel où j'ai touché à plein de choses : effets spéciaux 3D, compositing, un peu de production et d'animation 3D comme stagiaire. J'ai aussi travaillé comme coordinatrice artistique. Et j'ai coédité l'ouvrage d'art fantastique Terra Incognita. Pour le fil conducteur, absolument, et pas seulement dans mon expérience en tant qu'éditrice. Cette expérience du jeu vidéo, c'est aussi quelque chose que je revendique pour m'inscrire dans le réel. Enfant des ordinateurs, j'ai eu très tôt le goût de la conception de jeux vidéo. Quand j'avais 12 ans, mes parents nous autorisaient à jouer une heure par jour sur notre Atari 1040 stf à ma soeur et à moi, et autant que nous voulions sur les jeux pédagogiques. J'ai demandé à me faire offrir le Stos basic pour Noël afin de concevoir des jeux simples auxquels je pourrais jouer tant que je veux – un moyen de court-circuiter l'interdit parental. Maintenant, après avoir travaillé pour les jeux massivement multi joueurs, j'ai pris conscience du désir qu'ont les communautés de joueurs de se nourrir davantage des histoires et univers graphiques liés à leur jeu de prédilection. Beaucoup sont incroyablement créatifs et je les comprends, ayant moi-même beaucoup créé à partir des univers de jeux de rôle qui me passionnent. C'est la raison pour laquelle je viens de créer une société multi visages dont l'objet est de réaliser la jonction entre monde réel et mondes virtuels en embrassant la problématique du voyage, qu'il soit géographique, social ou de l'esprit. Son activité principale est la conception de livres, films et autres autour de ces univers de jeux vidéo et métaverses. L'association que j'ai créée, Autre Chose, édite spécifiquement Traverses, livre voyageur, quant à elle.

M.B. Quels sont tes projets pour l’avenir ? Quel est ton prochain projet, peux-tu nous donner quelques anticipations ?

K.G. L'aventure de Traverses continue aussi dans son contenu : le prochain tome sera composé uniquement d'images sur la thématique de l'Autre, l'Etranger. Et l'intégralité de l'ouvrage se ra réalisé par l'appel à images fait aux internautes et habitants des métaverses, mais aussi à ceux qui nous enverrons leur travail sur du papier en nous l'envoyant dans une enveloppe ! En cela, Traverses devient complètement perméable au monde. Il sera aussi l'oeuvre d'une équipe plus vaste, bénéficiant ainsi de plein de compétences inédites : Traverses s'ouvre follement, en un mot ! Mon prochain voyage, comme je le disais plus haut, je le partage avec Vincent Radix : nous allons partir pendant trois mois sur la route cet été d'Espagne aux Pays Bas et nous interviendrons autant dans le monde réel que le métaverse Second Life pour réaliser cette étonnante jonction entre le réel et le virtuel, entre la dimension « roots » du voyage à pied, avec des animaux et l'ultra sophistication des technologies d'expression que nous utilisons. Et sinon, je suis en train d'écrire le livre de mon voyage et réalise des films de création. Je travaille également avec Jean-Marie Vivès et Catherine Deschamps sur un ouvrage incroyable, Chemins de Croix !

M.B. Quel est le message que tu voudrais transmettre aux lecteurs de Traverses ?
K.G. Venez marcher avec nous ! Et si l'aventure vous tente sans pour autant vous jeter sur la route, aidez-nous en parlant du projet, en participant à son existence soit en étant « passeur », soit en aidant matériellement. Mais surtout, participez-y en envoyant textes et/ou images sur la thématique du voyage !
Le film de mon voyage de Paris à Jérusalem qui raconte aussi la naissance de Traverses, est projeté pour la première fois dans un métaverse le 15 janvier 2008 à l'occasion de l'inauguration de la bibliothèque francophone sur Second Life. Je serai ravie de vous rencontrer à cette occasion, ou dans le monde réel, pendant la semaine de « passages » balisée pour la troisième semaine de janvier.
Merci beaucoup Karen de nous avoir livré ton experience et de nous avoir permis de voyager à travers tes mots.
Les Liens pour tout comprendre de ces belles aventures :
Sur Traverses, livre voyageur mais également pour avoir des informations plus précises sur les événements etc :
http://traverses-lelivre.com

Le lien sur Second life :
http://slurl.com/secondlife/Aogashima/96/53/23_

Un lien vidéo qui explique ce qu'est Traverses (film réalisé par les filmentropes) :
http://www.dailymotion.com/relevance/search/filmentropes/video/x3gtt4_traverses-livre-voyageur

Sur les voyages au long cours de Karen :
www.loindevant.com

Sur le travail de création de Karen sous son pseudo noönK :
www.noonk.com

Si vous souhaitez recevoir le livre, envoyez un mail à
transmission – arobase- traverses-lelivre.com pour qu'on vous le réserve. L'ouvrage est transmis et/ou échangé, mais pas vendu.

Si vous souhaitez participer au livre Traverses de quelque manière que ce soit, si vous avez des idées de lieux, d'évènements, ou juste que vous avez envie de dire quelque chose sur le sujet,
contactez-nous avec media- arobase – traverses-lelivre.com