vendredi 11 janvier 2008

The GUEST of the month "Janvier 2008": Thierry Falcoz, Journaliste Spécialisé dans le "Jeu Vidéo".

Un jeu vidéo est avant tout un moyen d’évasion et d’apprentissage, au même titre qu’un livre ou un film. Sa différence tient à une chose aussi simple qu’évidente, le joueur contrairement au lecteur ou au spectateur, est également acteur. Si l’on devient aussi acteur d’un livre ou d’un film par le biais d’une identification naturelle, être acteur d’un jeu a ceci de particulier, que sa narration contraint le joueur à une participation physique. Jouer à un jeu vidéo, c’est être acteur d’une pièce de théâtre. Tout est déjà écrit, la fin souvent connue, et pourtant le jeu de scène et les choix de narration suffisent à re-créer sans cesse l’élément de surprise.Tout a commencé pour moi dans les années 80. J’avais un peu plus d’une dizaine d’années alors, des lunettes et une coupe de cheveux de premier de la classe. Nourri aux dessins animés japonais et aux aventures de la Bibliothèque Verte, Jack London et Maurice Leblanc ; un nouvel univers allait s’ouvrir à moi, contenu dans des cartouches noires grosses comme la main.
Mon premier ordinateur fut un MSX Canon V-20, une tentative de standard en provenance du Japon (pays de tous mes fantasmes culturels) qui tenta de s’imposer sur le marché européen dans les années 80. Le MSX avait de quoi séduire ! Véritable ordinateur (avec un clavier et parfois un lecteur K7 intégré), il proposait également un support cartouche qui en faisait une espèce d’hybride entre l’ordinateur personnel (programmer, dessiner, écrire) et la console de jeu. Derrière les cartouches se dissimulaient de nombreux éditeurs, mais le plus grand d’entre tous était Konami (le premier Metal Gear est ainsi un jeu MSX et non PlayStation !).
Cette machine fut un peu mon ami imaginaire à moi (le Hobbes de Calvin). Il ne se nourrissait que de cartouches achetées sur Paris avec mon père et chaque cartouche était en soi un objet magique, une véritable lampe d’Aladin, un monde en sommeil dont je dévorais le manuel dans le RER direction Marne La Vallée. Nemesis/Gradius, Antartic Adventure, Road Fighter, River Raid, King’s Valley, Maze of Galious… Autant de noms qui me replongent en un instant dans des mondes de pixels. J’ai ainsi eu une enfance de pixels, partagée par ma sœur, puis quelques années plus tard par mon frère et ma petite soeur. Mon adolescence fut celle d’un geek pur et dur. Débarqué au collège j’ai très vite noué des liens avec les ‘pirates’ du coin pour parfois récupérer des jeux (sur disquettes ou K7) avant même d’avoir la machine qui allait avec ! Faire des listes de jeux, les copier, les terminer, les classer, les noter, dévorer les magazines spécialisés, écrire mes propres tests devint rapidement une activité à plein temps. Malins, mes parents ont vite compris que pour me motiver question ‘notes’, il fallait jouer de ma passion. L’Amiga fut ainsi la plus efficace des carottes pour l’obtention du brevet ! Au Lycée, je fus évidemment un éminent membre du club informatique, même si ce dernier ne proposait que des Atari ST !
J’ai ainsi vécu des aventures inoubliables durant ces années ludico-estudiantines avec des jeux tels que Monkey Island 2, Another World, Les Voyageurs du Temps, Prince of Persia, Dungeon Master, Black Crypt, Ultima Underworld, Final Fantasy VII, Lands of Lore, Day of the Tentacle, Doom, Super Mario World, Sensible Soccer, Chrono Trigger… pour ne citer que les premiers qui me viennent à l’esprit. Je pourrais longuement m’épancher sur chacun d’eux, mais ce serait trop long. Ces jeux ont développé chez moi une véritable passion qui s’est finalement concrétisée à travers les mots et mes premiers pas en presse papier sur le magazine Génération 4 au début des années 90. Une enfance de pixels donc, pour une carrière qui le sera tout autant. Une véritable chance.
Pour certains esprits peu curieux le jeu vidéo est un loisir qui isole. C’est pourtant tout le contraire. Le jeu chez moi a nourri une curiosité qui est devenue avec le temps une véritable hygiène de vie. Sans le jeu vidéo je ne parlerais sans doute pas anglais, je ne serais peut être pas fasciné par les processus de création, ni même intéressé par les cultures qui enrichissent notre monde, je ne lirais pas autant, et surtout, je n’écrirais pas. Et quand je parle d’écriture, je ne parle pas de scénarios de jeu vidéo ou de chroniques sur les blogs d’amis précieux, non, je parle d’histoires et de partage. Le jeu vidéo (du moins un certain nombre) a provoqué chez moi les émotions les plus diverses, des émotions dont l’apprentissage et le partage est la clé de toute vie. Au même titre que je suis avec passion le parcours de certains réalisateurs et écrivains, je suis celui de nombreux créateurs de jeux qui me passionnent par leur talent, leur personnalité et leur capacité à créer des mondes où la magie est au cœur de leur existence.
Vive le jeu vidéo !
Thierry Falcoz, passionné de jeu vidéo, journaliste spécialisé depuis 14 ans.


LEGENDES

River Raid – 1982
Dans mes souvenirs, le jeu le plus difficile auquel j’ai pu jouer.


Arkanoid – 1986
Souvenir d’une traversée de la manche à bord d’un Ferry…


Nemesis –1986
Où quand la répétition des gestes pour tendre à la perfection devient symphonie.


Dungeon Master - 1987
Des couloirs gris, une main et des heures de errance sonore à tracer des plans sur papier.



The Maze of Galious – 1987
Un des premiers RPGs auxquels j’ai pu jouer avec ma sœur.


Cartouche MSX
Un monde en sommeil plein de promesses.


Another World – 1991
Un jeu d’une extrême sensibilité dont la forme visuelle rejoint le propos épuré.


Monkey Island II – 1992
Mille fois plus drôle et fin qu’un Pirates des Caraïbes !


Doom – 1993
Quand la peur se fait pour la première fois viscérale et subjective.


Chrono Trigger – 1995
La magie RPG made in Japan dans sa quintessence !