lundi 25 février 2008

Avec le temps, va, tout s'en va...

«Il ne faut pas empiéter sur l'avenir en demandant avant le temps ce qui ne peut venir qu'avec le temps.» Arthur Schopenhauer, Extrait des Aphorismes sur la sagesse dans la vie.
Makoto est la jeune protagoniste du nouveau film d’animation réalisé par Mamoru Hosoda. Partagée entre la maîtrise de son avenir et le regret du passé, entre ses deux amis Chiaki et Kosuke,
la jeune lycéenne découvre un jour le don de pouvoir traverser le temps. Améliorer ses notes, aider des idylles naissantes, manger à répétition ses plats préférés, tout devient alors possible pour Makoto. Mais influer sur le destin peut être parfois dangereux …
La traversée du temps est l'adaptation du roman de Yasutaka Tsutsui il existe aussi une version manga paru chez Asuka éditeur. Le film présente des subtiles références cinématographiques d’un point de vue du scénario à Jules et Jim de Jean Luc Godard et à Un jour sans fin d’Harold Ramis.
Bande d’annonce française :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18733579&cfilm=128739.html
Bande d’annonce japonaise : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18735081&cfilm=128739.html

Spiral Jetty, de l’entropie au bitume.

L’Œuvre magistrale du Land Art, menacée par des forages pétroliers.
"...the artist seeks.... the fiction that reality will sooner or later imitate" Robert Smithson from "A Museum of Language in the Vicinity of Art", 1968

Adeline Wessang me fait suivre aujourd’hui à 00h30 le message suivant
Sent: Tuesday, January 29, 2008 8:34 PM
Subject: Spiral Jetty Oil DrillingFrom Nancy Holt.


Dear Friends,


Yesterday I received an urgent email from Lynn De Freitas, Director of Friends of the Great Salt Lake, telling me of plans for drilling oil in the Salt Lake near Spiral Jetty. See Attachments. The deadline for protest is tomorrow, Wednesday, at 5PM. Of course, DIA has been informed and are meeting about it today.I have been told by Lynn that the oil wells will not be above the water, but that means some kind of industrial complex of pipes and pumps beneath the water and on the shore. The operation would require roads for oil tank trucks, cranes, pumps etc. which produce noise and will severely alter the wild, natural place.If you want to send a letter of protest to save the beautiful, natural Utah environment around the Spiral Jetty from oil drilling, the emails or calls of protest go to Jonathan Jemming 801-537-9023 jjemming@utah.gov. Please refer to Application # 8853. Every letter makes a big difference, they do take a lot of notice and know that publicity may follow. Since the Spiral Jetty has global significance, emails from foreign countries would be of special value.They try to slip these drilling contracts under the radar, that’s why we found out so late, not through notification, but from a watchdog lawyer at the Southern Utah Wilderness Alliance, the group that alerted me to the land leasing for oil and gas near Sun Tunnels last May.

Thank you for your consideration of this serious environmental matter.

Be well, Nancy Holt.


Je viens de vérifier l’information sur le site du New York Times du 18 février 2008

qu'explique qu’un projet de forages pétroliers et de mise en place de puits de pétrole serait prévu sur le Grand Lac Salé en Utah (Etats-Unis). Sur ce site même site l'artiste américain Robert Smithson, réalisait en 1970 la Spiral Jetty, l'une des œuvre plus célèbre du Land Art. Cette oeuvre mythique composée de plus de 6650 tonnes de basalte noir et de terre, en forme de spirale géante, projetée dans l'eau rosée du Grand Lac Salé, fut visible environ deux ans, puis fut submergée durant presque trente ans avant de resurgir lentement à partir de 1999.


La veuve de l'artiste americain Robert Smithson, Nancy Holt, a donc lancé ci-dessus un appel afin de tenter d'empêcher les travaux de forage prévus qui défigureraient complètement Spiral Jetty dans son environnement. Elle demmande d'envoyer un email de protestation aux responsables du projet. L'envoi doit être adressé à Jonathan Jemming (coordinator/advisor for the Utah Public Lands Policy Coordinating Office) jjemming@utah.gov

(n'oubliez pas d'inclure le numéro de dossier #8853, et de signer en précisant votre pays et fonction). ___________________________Proposition de lettre__________________________Subject: Spiral Jetty Oil DrillingTo: Jonathan Jemming Application # 8853 Dear Sir,We have been informed of plans for drilling oil in Utah's Great SaltLake near the Spiral Jetty. The Spiral Jetty is of major significanceand regarded worldwide as an icon and one of the most popularcontemporary works of art. Drilling there would greatly spoil this rareecosystem, severely disfigure the site, and damage its futuredocumentation in art publications. Owing to the beauty of this naturalsite and the international visibility of Robert Smithson's work, we askthat you do everything in your power to ensure that these oil drillingplans are reconsidered and abandoned.Sincerely,(Nom, fonction, pays)
Pour voir le film de Smithson : http://www.robertsmithson.com/films/films.htm

Spiral Jetty a été créée en 1970 à Great Salt Lake dans l'Utah. La forme du travail a été influencée par le site, la forme en spirale de la jetée a été dérivée de la topographie locale, en relation avec un tourbillon mythique au centre du lac. La spirale reflète également la formation circulaire des cristaux de sel qui recouvrent les rochers. Smithson était initialement attiré par ce site à cause de la couleur rouge du lac salé. Le travail a été changé par son environnement, reflétant la fascination de Smithson pour l'entropie, l'inévitable transformation des forces de la nature. De temps en temps, Spiral Jetty émerge de l'eau. La Dia art Foundation à qui Spiral Jetty fut confiée en 1999, s'est depuis demandée s'il fallait intervenir sur cette œuvre et la maintenir en état, ou la laisser s'éroder.
Cette monumentale sculpture est un témoignage de la dominance de la nature sur l'homme et si le principe à la base du Land Art prévoit que les œuvres soient exposées à l'érosion naturelle et que certaines ont disparu et il ne reste que leur souvenir photographique, j'espere que le destin de cette oeuvre d'art puisse etre bien plus heureux que d'etre remplacée par des forages pétroliers.
http://www.robertsmithson.com/

dimanche 24 février 2008

Conférence 22 Février 2008 à 19h30, La Sorbonne.

Près de dix millions d’internautes vivent aujourd’hui dans Second Life, un univers en ligne, parallèle, virtuel et néanmoins réel. Cet univers persistant n’est pas tant un jeu qu’un monde à construire, et en appelle pour cela à la créativité de ses « résidents ». Quels espaces inventent-ils, quelles villes, quels paysages ? Qui est artiste dans Second Life ? Si certaines créations ou manifestations y ont été transposées, comme la Nuit Blanche parisienne 2007, on observe aussi l’apparition de projets artistiques spécifiquement conçus pour ce nouveau territoire, à l’initiative des Slifers (résidents de Second Life) ou d’institutions du monde physique comme le Palais de Tokyo ou le Théâtre Paris-Villette. Quelles sont les singularités de ces oeuvres immatérielles ? Quelles expériences proposent-elles aux internautes et à leurs avatars ? Dans quelle mesure l’univers créé sur Second Life est-il autre chose qu’un copié-collé du monde réel ? Avec Marc Blieux artiste multimédia, chercheur, dirige le projet AIRE et
AIRE-Second Life (http://aire-europe.org) Agnès de Cayeux net artiste, chargée du projet x-réseau initié par le Théâtre Paris-Villette en faveur de la création artistique de spectacle vivant en réseau Michel Lussault géographe, professeur à l’université François-Rabelais de Tours.
Avec la participation de Margherita Balzerani, curateur et critique d'art, chargée de la préfiguration de l'antenne du Palais de Tokyo sur Second Life.
vendredi 22 février 2008, de 19h à 21h
à la Sorbonne, amphi Bachelard.
Télécharger le Dossier documentaire: http://www.art-espace-public.c.la/

L’Antenne du Palais de Tokyo sur Second Life
"Une institution artistique peut-elle aujourd’ui à travers les métaverses 17 donner la possibilité aux artistes de produire une expérience artistique immatérielle, capable de dépasser les limites et les contraintes : architecturales, bureaucratiques, sociales, économiques ou muséographiques ?"

Cohérent dans sa réflexion autour d’une institution nouvelle, qui se réinvente plus proche de la société contemporaine, le Palais de Tokyo a décidé de s’engager dans la création d’une antenne hors les murs et travaille depuis 2007 à la création d’une filiale sur Second Life ou sur un univers virtuel.
Préfiguration de l'antenne du Centre Pompidou à Metz.
Les architects: Shigeru Ban et Jean de Gastines. Ouverture prévue en 2009.
Préfiguration du Louvre à Abu Dhabi. Architect: Jean Nouvel. Ouverture prévue en 2012-2013.
De Bangkok à Londres, de Metz à Abou Dhabi, alors que les autres musées rivalisent d’extravagances architecturales et de budgets colossaux, le Palais de Tokyo décide d’ouvrir un nouveau débat, celui de l’nstitution artistique du futur transposée dans une autre dimension, celle de la réalité virtuelle et a choisi de développer ce nouvel espace de création sur le métaverse Second Life. En plus d’etre une extension du Palais de Tokyo, cette antenne aura pour vocation d’etre un manifeste architectural numérique d’un genre inédit. Il ne s’agira pas en effet pour le Palais de Tokyo de se répliquer à l’identique dans un monde virtuel, mais de proposer un modèle de bâtiment et de musée libéré des contraintes économiques, physiques et financières qui pèsent sur le monde réel. Ce passage au virtuel est néanmoins inévitable, vu la numérisation croissante du patrimoine culturel et la volonté de rendre les collections plus accessibles. Cette réflexion avait commencé avec Jean-François Lyotard, qui, prenant en considération l’ntroduction des nouveaux médias numériques dans le Centre Pompidou, y organisait en 1985, l’exposition «Les Immatériaux», comme une prémonition du changement de statut de l’euvre d’art. Le Palais de Tokyo sur Second Life permettra d’une part aux internautes d’expérimenter un nouveau rapport à l’art et d’autre part aux artistes de s’exprimer et d’exister dans ce lieu. Ce projet aurait comme référence l’idée d’André Malraux d’un musée imaginaire : un musée sans murs.
Présentation du projet par Margherita Balzerani, curateur et critique d’art. Depuis 2002, elle travaille au Département de l'Action Culturelle du Palais de Tokyo, site de création contemporaine de Paris.

jeudi 7 février 2008

Conférence, 19 Février 2008 à 20h30. REVUE "EDIT" # 7- LE JEU / THE GAME.


Mardi 19 février à 20h30 Soirée Côté Labo / Démo-conférence
Entrée libre
Au
Cube, Issy-Les-Moulineaux (92130)
adresse: 20, cours Saint Vincent
Télechargez le plan d'accés en PDF.

Le numéro 7 de la revue EDIT: est consacré au thème du jeu.
Artistes et rédacteurs évoquent entre autres Lara Croft et Second Life, les nouvelles modalités du jeu vidéo, les interactions ludiques entre le visiteur de musée et l’œuvre ou l’importance du jeu dans l’art contemporain. Etienne Clément redonne vie aux jouets par la mise en scène, Carlo Zanni joue avec l’actualité comme sur un Amiga et Xavier Boissarie présente son “Bandonéon”, œuvre immersive explorant un univers urbain virtuel depuis une planche de surf. Cette soirée sera l’occasion de découvrir la revue, de rencontrer artistes et auteurs et de s’interroger sur la place donnée au jeu dans l’art et l’image par des présentations qui approfondiront les textes en ligne.
En présence de Margherita Balzerani, Xavier Boissarie, Eric Chahi, Etienne Clément, Carlo Giordano.
EDIT: est une revue en ligne bilingue paraissant trois fois par an, lancée en juin 2005 par l’association Tide. Elle propose des entretiens, des essais, des portfolios et des critiques sur l’image contemporaine d’un point de vue actuel et historique. Elle souhaite également être un forum ouvert à la réflexion sur l’art et la culture, et se concentre sur le lancement d’artistes émergents et la diffusion d’œuvres inédites. EDIT: aspire à devenir une plate-forme internationale où de jeunes auteurs et rédacteurs peuvent s’exprimer et propose en portfolio des œuvres qui viennent illustrer le thème choisi de manière originale et pertinente. Lien vers le site de edit revue

Mon Avatar sur Second Life.

Second Life, un nouveau territoire de création artistique ?
"Second Life représente essentiellement aujourd’hui une plateforme de sociabilité et une vitrine économique pour les marques, mais de plus en plus d’artistes s’approprient ce metaverse. À travers le travail réalisé par Eva et Franco Mattes, Molotov Alva, Stella Costello, Christine Webster Wildo Hofmann, Alain De la Negra et Kaori Kinoshita ou Miltos Manetas, cette présentation se propose d’explorer de plus prés le potentiel créatif existant dans le metaverse Second Life. "

à lire aussi ...
Une deuxième vie en un double click, Second Life entre dérive identitaire et quête d'immortalité par Margherita Balzerani

... Et le jeu vidéo créa la femme - Lara Croft, une héroïne postmoderne par Maherita Balzerani

dimanche 3 février 2008

The GUEST of the month "Février 2008": Pierre de Saint-Phalle, écrivain et Professeur de Culture Générale à Eurasiam.

Théâtre, rock et poésie.
(Pour une seconde lecture, ne lire que les mots en gras)
J'aime parler (de moi), l’écrit est différent. Il révèle trop pour être innocent.

Depuis 6 mois je suis en charge du cours de Culture Générale à l'école Eurasiam, Paris. Et bientôt formateur en prise de parole en public pour tout public. Prof de culture G ? QEZAKO ? Formateur en rhétorique, éloquence et tout ce qui touche aux arts du discours, première réponse possible. Disons que je travaille l'aisance de mes élèves à l'écrit comme à l'oral. "C'est dans le feu le plus ardent que l'on forge les métaux les plus durs" (Lord Byron) et j'applique cette maxime par des exercices plus ou moins contraignants selon mes classes.

L’époque nous force à nous dévoiler, à exposer nos pensées et nos vies. C'est une ère de voyeurisme généralisé, standardisé et légitimé. Hier j'ai vu le Président de la République dans Closer. Nous nous exposons en blogs et webcams, ce que je fais en ce moment d'ailleurs, c'est de l'écrit exhibitionniste. J'aime partir en diatribes lyriques contre la modernité, ca ne sert à rien, mais ça occupe, ça détend. Se plaindre, râler et trouver que tout va de travers est un droit français inaliénable.
Comme beaucoup de formateurs, j'ai commencé mes études en disant "Prof... Jamais !" et quelques diplômes, quelques expériences professionnelles et surtout quelques prises de conscience plus tard, la formation m'est apparue comme l'activité quotidienne la plus enrichissante. Discours intérieur qui me permet de croire, le lundi à 8h30 lorsque mes élèves rechignent à passer à l'oral que ce que je fais a un sens. Ha, le sens...
Je ne vais pas vous parler de ma vie in extenso, aucun intérêt.
J’ai beaucoup déménagé. Mes parents ont divorcé, j’avais 5 ans. J’ai vécu avec 25 chiens à Cudot.
Jeunesse, adolescence. Mouvements.
Seconde à Cagnes-sur-Mer, Première à Draguignan, Terminale à Toulon. Chaque année était l'occasion de rencontrer, d'explorer et de changer. En terminale deux révélations: la philosophie et le théâtre. Nietzsche et Stanislavski. L'écrit et l'oral, la lecture et l'écoute. Pas de cours de théâtre au Lycée Jean Moulin depuis 15 ans, nous avons cherché une troupe professionnelle. L'Uppercut Théâtre a répondu, le lycée a payé. J'ai passé deux ans à apprendre à occuper l'espace, moi qui cherchais à disparaitre. Je ne pourrais jamais remercier suffisamment Laurent et Emma, nos maîtres.

Poème de Nietzsche que j'ai lu à 17 ans, premier texte à faire monter mes larmes immédiatement. Je passe ensuite 4 années à essayer de comprendre comment un homme mort depuis un siècle, venant d’une autre culture avait pu me toucher à ce point. Je l'ai mis en monologue et présenté devant une salle mi figue mi raisin. Apres 4 années passées à lire Nietzsche ; j’ai décidé d'arrêter, comme on arrête de boire, d'un seul coup, en se promettant de ne plus retoucher un seul verre (vers) de sa vie. 1999 Bac L option maths, direction Classes préparatoires de lettres à Toulon, 2 années d’intense métamorphose. J’ai mûri culturellement et intellectuellement. Illusoire impression.
2002 Licence de Philo sur Aix-en-Provence ET Deug de Droit (folie du double cursus). Année charnière, emploi du temps bondé à courir pour des cours dans les 4 coins de la ville. Les juristes sont des enfants qui jouent avec des concepts tranchants. Les profs de philo, des penseurs sans volonté d’impact sur le réel (pense alors mon jeune cerveau révolté qui réagit plus vite qu’il ne pense), la Cité ne les intéresse pas. 2002, c'est Le Pen au second tour, c’est mon professeur d'Esthétique qui me dit "De toute façon le relativisme a répondu à toutes les questions d'ordre morale et politique". La philo n'est pas ma voie, le droit non plus. Japonais en seconde langue, 7 dissertations plus tard j'entre en seconde années à Sciences Po Aix.
Et là ... l'ennui. Ma formation de philo et de Droit me fait passer pour un OVNI aux yeux des élèves et des profs. Un concours d'éloquence se présente à la Fac de Droit. Je le prépare un peu, je veux remonter sur les planches, parler au public avec mon propre texte.

Le thème pour les éliminatoires était "Le point sur les I", j'ai relu ce texte avant de vous le montrer (contraint et forcé par Margherita), c'est maladroit, mal écrit, mais j'ai pour lui une affection particulière :

Je suis fatigué
J'ai traversé l'espace, le temps et l'absurde

Laissez-moi-vous conter une fabuleuse histoire: celle du chaos qui anime le monde, celle de la quête des jambes et de la fuite des points.
Au lendemain d'une fête solaire, les mots s'éveillèrent avec un mal de crâne profond et persistant. Dans la Grande Bibliothèque les ouvrages sortaient un à un des bras de Morphée, Les lettres se décollaient de leurs pages, se regroupaient pour la grande assemblée.
Une fête au pays des mots est indescriptible aux humains. Les lettres avalent des liqueurs inconnues dès la tombée du jour, puis se poursuivent en danses folles pour former des vers puis des sonnets qui défient l'imagination des plus grands poètes opiomanes.
A leur réveil, quelque chose manquait. Des tas de petites choses: les points sur les i manquaient à l'appel du grand Alphabet, laissant la jambe de cette lettre sans tête.

Le Grand Alphabet est l'Assemblée de toutes les lettres, l'organe suprême et unique de décision qui détermine toutes les lois de grammaire, et fixe le Jour de la Grande Libation Solaire. Elle se réunit tous les matins au centre de la Grande bibliothèque pour tenir conseil.
Au petit matin, personne n'osait encore y croire, ils pensaient tous que ces farceurs de points s'étaient un peu trop enivrés d'encre de Chine, cuvant dans un coin le liquide onirique.
Mais, les heures passèrent, et la vérité s'imposa: les points avaient fuit. Sans points, les i ne peuvent se prononcer, les yeux survolent la jambe seule et ne lisent rien.
Les jambes justement d’ordinaires si discrètes, se liguèrent rapidement et obtinrent de l'Alphabet la formation d'une commission de recherche. Celle-ci devait immédiatement se mettre en quête d'archives relatant une telle disparition. Car, si d'aventure une telle fuite s'était déjà produite, les archives millénaires devaient forcément relater l'événement.
Pendant ce temps les y se frottaient les boucles: leur prononciation n'ayant besoin d'aucun point. Les J miraculeusement épargnés restaient en retrait, n'osant se faire remarquer de peur d'attirer la malédiction qui frappait ces pauvres i. Les K, amis voisins des I dans l'Alphabet, tentaient de rassurer ces derniers, les points étant volages, ils seraient de retour sous peu.
Toute la journée, la Commission compulsa les archives, mais ne trouva rien: il s'agissait bel et bien de la première fuite alphabétique. Le lendemain matin, l'Alphabet se réunit et décida, dans l'urgence le remplacement de tous les i par des y. Cette mesure temporaire permettrait lecture et écriture, respirations des âmes.
Les jambes se regroupèrent, élurent une jambe majuscule comme chef, puis se présentèrent le lendemain devant l'Alphabet, La jambe majuscule interrompit les remerciements d'un Y pour la confiance que l'on accordait à sa coterie pour le remplacement des I.
Le I tint exactement ce discours:

"Nous sortons de l'Alphabet, nous partons dès aujourd'hui à la recherche de nos points !
Nous ne cesserons jamais de poursuivre ces plaisantins afin de les ramener sur nos têtes !
A travers le Temps et l'Espace, je lance aujourd'hui la Jihad !
Nous serons la quête, ils seront le Graal !
Nous serons les balles de AK 47 ils seront les têtes ennemis!
Nous serons les baguettes chinoises à la recherche des petits pois dans le bol !
Nous serons les cigarettes incandescentes qui aspirent le maximum de molécules d'oxygène !
En un mot, nous retournerons l'univers pierre par pierre pour remettre les points sur les i !"

Plein de cette fougue guerrière, les jambes se dispersèrent. Les guerres s'intensifièrent, les saumons remontèrent plus vite les rivières, une frénésie nouvelle s'empara du monde. Comme l'avait juré le I majuscule décapité, le passé et l'avenir furent marqués par cette quête désespérée.
De Jéricho à Sodome, de Saturne à Junon, rien ne fut épargné.
On nomme cette quête terrible: le Jihad des Décapités. Sa fureur dans toute la création, rayonne d'une imputrescible clarté.
Brisant, luttant et déchirant sans cesse tout ce qui aurait pu contenir un point: les Jambes devinrent cette force nommée Entropie.
Cette présence cachée qui détruit à terme toute chose et leur permet ensuite d'être recréées.
Le monde s'agitera à jamais de cette recherche effrénée.

Jamais ils ne parviendront à retrouver les fuyards.
Les Y, dès ce moment remplacèrent les I, les jambes et leurs points furent plongés dans l'oubli.

Je vois dans vos regards la question: Pourquoi, comment, ou sont donc passés ces fous de points ?

Voici ce qui advint lors de la dernière libation Solaire:
Les Y, jaloux du succès des I, entraînèrent les points à l'écart. Ils les invitèrent à boire ce que l'on nomme l'absinthe des lettres: l'encre verte de Venise. Une encre mystérieuse, composée en partie du sang des poètes grecs et latins, dont tous savent le pouvoir psychogène. A demi morts, les points furent subjugués par le discours que leur teint le Y majuscule.
En substance, il leur dit: «Amis, une grande quête vous attend. Une page immaculée demande votre présence, vous êtes le fer de lance d’une armée infinie qui s'apprête à donner l'assaut. Cette grande page est noire. Il vous faut la percer de toutes vos forces ! Ainsi vous apporterez la lumière à tous ceux qui en manque ! Frappez ! Frappez ! Frappez encore !"
A ces mots, et par trois fois il désigna la nuit. La voûte céleste devint leur ennemie. Ils partirent tous percer le néant.
Aujourd'hui encore ont peut observer l'effet de cette félonie, de cette trahison des y à l'ordre alphabétique: les étoiles mes amis, sont les trous que formèrent les points qui ont fuit les i.

Cela a suffi pour passer les éliminatoires. Débats contradictoires sur sujets varié devant amphis bondés pour chaque étape. C’était pour moi un plaisir intraduisible quand mes malheureux adversaires exposaient leur malaise, parlaient vite et finalement s’excusaient d’être présents. J’aurais payé pour que 600 personnes viennent m’écouter pendant 45 minutes. Je remporte ce concours.

...Et Margherita, dont vous suivez le blog, ma directrice pédagogique adjointe, me demande d’être le guest du mois de février!

Créer par la contrainte. L’OULIPO, mode d’emploi.

«L’Oulipo n’est pas une école, c’est une crèche où, en cachette des parents et des pions, nous jouons à faire entrer des cylindres dans des trous carrés et des cubes dans des trous ronds. Et ça marche ? Ça dépend des jours.» François Caradec.
William Heath Robinson, (1872-1944) «Six-handed Draughts», Inventions, Londres, Duckworth, 1973.
Réunions privées, lectures publiques, ateliers d’écriture… depuis sa création, les activités de l’Oulipo se déploient entre une volonté de confidentialité qui a pu lui donner des allures de société secrète et celle de partager avec le public son exploration des ressources infinies de la littérature et de la langue. L’Oulipo acronyme «Ouvroir de Littérature Potentielle» a coutume de présenter ses membres ainsi
Fondé en 1960 par Raymond Queneau, écrivain et poète frotté de mathématique, et François Le Lionnais, homme de sciences passionné de littérature, l’Oulipo ressemble à l’origine un groupe d’amoureux des lettres en rupture avec certaines conceptions de littérature. Leurs réferences? DADA et l’écriture automatique, Le Surréalisme et son pari sur le hasard, l’engagement de type sartrien, jusqu’aux CUT-UP de William Burroughs.
Les membres de l’OULIPO.

L'actuel président du groupe est Paul Fournel. Le projet réunit des personnages de tous horizons, mathématiciens, écrivains, logiciens et poètes : Noël Arnaud, Valérie Beaudouin, Marcel Bénabou, Jacques Bens, Claude Berge, André Blavier, Paul Braffort, Italo Calvino, François Caradec, Bernard Cerquiglini, Ross Chambers, Stanley Chapman, Marcel Duchamp, Jacques Duchateau, Luc Étienne, Frédéric Forte, Paul Fournel, Anne F. Garréta, Michelle Grangaud, Jacques Jouet, Latis, François Le Lionnais, Hervé Le Tellier, Jean Lescure, Harry Mathews, Michèle Métail, Ian Monk, Oskar Pastior, Georges Perec, Raymond Queneau, Jean Queval, Pierre Rosenstiehl, Jacques Roubaud, Olivier Salon, Albert-Marie Schmidt.

Les références.
Après la seconde guerre mondiale les auteurs de l’Oulipo vont ainsi à l'encontre d'un long processus de libération que les romantiques avaient amorcé. Interrogeant les règles anciennes comme celles de la tragédie classique ou du sonnet ou inventant de nouvelles méthodes de production ou de transformation des textes, les passionés des contraintes pouvaient éprouver les potentialités structurelles de la langue et du récit ou explorer leur propre inconscient. Ce mouvement a des ancêtres dans l'aventure littéraire européenne, en particulier les Grands rhétoriqueurs du début de la Renaissance. Les Oulipiens ont en effet expérimenté beaucoup des possibilités de la langue : jeux de mots, techniques lettristes et des poèmes mots-croisés pouvant se lire dans tous les sens... ces Les premiers travaux de littérature potentielle ont été publiés par le Collège de ’Pataphysique, science à laquelle Alfred Jarry a voué son existence.
Depuis sa fondation l’Oulipo se réunit une fois par mois pour échanger sur les découvertes et les inventions de ses membres. Ces séances se tiennent dans une atmosphère amicale et rieuse, qui fait la part belle au jeu, à la fantaisie et à l’humour. Le rituel créatif qui n’a, semble-t-il pas changé. Un rituel de création par la contrainte, qui se déploie de la célébration de l’algèbre jusqu’à jouer et à déjouer les règles la langue dans la fantaisie et la liberté.

Site officiel :
http://www.oulipo.net/

Pour suivre l’actualité de l’OULIPO à PARIS: Les Jeudis de l’Oulipo 2007-2008
Les lectures de l’Oulipo reprennent à la BNF, pour une nouvelle saison. L’occasion pour le public de découvrir et de partager avec des écrivains les délices d’un moment de fête du langage créatif.

14 février 2008 : L'amour, toujours

13 mars 2008 : Les paris de Pascal (et François)

10 avril 2008 : Texticules

15 mai 2008 : Momies oulipiennes

5 juin 2008 : Oulipolyglotte

Les lectures ont lieu à la BIBLIOTHEQUE FRANCOIS MITTERRAND
Quai François Mauriac Paris 13eme
RER C,
Métro : ligne 14 (Bibliothèque)
ligne 6 (Quai de la Gare)

Jouer des mots ! Au Théâtre du Rond Point.

www.theatredurondpoint.fr/saison/fiche_spectacle.cfm/42593-oulipo--pieces-detachees.html

Pour commencer à créer soi-même par la contrainte !

Raymond Queneau, alias le Rauque Anonyme, fondateur de l'OULIPO grâce à son ouvrage "Cent mille milliard de poèmes", il nous permet de composer cent mille milliard de poèmes. Voici comment se présente ce dispositif de création littéraire : il est composé de dix pages, avec un sonnet différent par page (un sonnet : un poème de quatorze vers). En fait, chaque vers est sur une languette, que l'on peut rabattre à volonté. Ce qui permet de les combiner à l'infini, et de créer 10 puissance 14 poèmes. Queneau conclut l'introduction de son œuvre en citant Lautréamont : " la poésie doit être faite par tous, et non par un".

LA CONTRAINTE DU MOIS.
EODERMDROME.
On choisit cinq lettres qu’on place au sommet d’un pentagone régulier. Les lettres doivent être telles qu’il existe un parcours passant une fois et une seule par chacun des côtés et diagonales du pentagone, tel qu’on obtienne ainsi en lisant à la suite les lettres rencontrées un monostiche de onze lettres
Exemple
S U R T O U T S O R S
Des eodermdromes de syllabes, de mots, etc. sont
(…)

samedi 2 février 2008

Simone de Beauvoir. Portrait d’une femme libérée par elle-même.

«Quel malheur que d’être femme ! et pourtant le pire malheur quand on est femme est au fond de ne pas comprendre que c’en est un.» Soren Kierkegaard.
Simone de Beauvoir aurait aujourd'hui 100 ans et portant ses écrits demeurent contemporains. Plus de 50 ans après sa publication, Le Deuxième Sexe est encore l’ouvrage de référence des féministes à travers le monde.La prémiere fois que j'ai lu ce texte c'était en 2005, aprés avoir véçu 5 ans en France. Cette lecture a profondement marqué mon ésprit. Ma culture, mon histoire, mon éducation ont basculé, il s'agissait d'un véritable choc culturel. Depuis, je suis à la recherche d'une femme "nouvelle", qui serait capable de se reinventer "libre" en changeant de perspective à son égard et envers les autres.
Mais avant d'etre un modèle pour les femmes par son idéal de "etre libre et de choisir librement son destin" Simone de Beauvoir, répresente aujourd'hui un modéle pour l'humanité intiere.

Simone de Beauvoir est née à Paris le 9 janvier 1908. Agrégée de philosophie en 1929. Compagne de vie du philosophe existentialiste Jean-Paul Sartre, elle publie son premier livre, L’Invitée, en 1943. Romancière et essayiste, elle reçoit le prix Goncourt en 1954 pour son roman Les Mandarins. Sa riche œuvre autobiographique (Mémoires d'une jeune fille rangée, La Force de l'âge, La Force des choses, Tout compte fait) porte un regard sur sa vie, ainsi que sur son engagement politique et philosophique. Elle meurt à Paris le 14 avril 1986.
Le Deuxième Sexe, ouvrage publié en 1949, a d’ailleurs été mis à l’index par l'eglise. La publication de l’essai Le Deuxième Sexe en 1949 bouleverse le paysage intellectuel français. À travers l’observation des femmes – l’ouvrage n’est nullement autobiographique –, Beauvoir démolit l’image de l’idéal féminin de l’après-guerre : mère au foyer, éducatrice-née, femme heureuse de son sort. La droite catholique tout comme la gauche communiste fustigent l’ouvrage.

«La femme est tout ce que l’homme appelle et tout ce qu’il n’atteint pas.»

"Je veux tout de la vie, être une femme et aussi un homme, avoir beaucoup d’amis, et aussi la solitude, travailler énormément, écrire de bons livres, et aussi voyager, m’amuser, être égoïste, et aussi généreuse… " extrait de Mémoires d'une jeune fille rangée.
Simone de Beauvoir à été souvent considérée comme "La compagne de Satre". Ce statu qui fascine mais tend souvent à éclipser les autres facettes de l'écrivain et du philosophe engagée. Ma comment la "jeune fille rangée" est-elle devenue l'auteur du Deuxième sexe? Il lui a d'abord fallu s'affrachir de son milieu bourgeois et de son éducation conventionelle. S'affrenchir ensuite des tabus de son siècle en refusant le mariage et en reinventant son couple avec Sartre. Une construction qui ne va d'ailleurs pas sans découvenues dont ses romans sont nourris (L'Invité et Les Mandarins).
Simone de Beauvoir a su s'affranchir enfin de sa condition de femme. En 1949, avec la publication du Deuxième sexe, elle montre que la "société des males" a fabriqué la femme pour mieux l'asservir aux traveaux domestiques et à la fonction maternelle. Pour la première fois, le concept de "femme" est théorisé comme construction culturelle; la notion de "genre" inventée.

Extrait de "Mémoires d'une jeune fille rangée".
"Pourquoi ai-je choisi d'écrire? [...] La première raison, c'est l'admiration que m'inspiraient les écrivains [...] les livres, tout le monde les lisait: ils touchaient l'imagination, le coeur; ils valaient à leur auteur la gloire la plus universelle et la plus intime. En tant que femme, ces sommets me semblaient en outre plus accessible que les pénéplaines; les plus célèbres de mes soeurs s'étaient illustrées dans la littérature. [...] En écrivant une oeuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais mon existence. en même temps, je servirais l'humanité: quel plus beau cadeau lui faire que des livres?"
Extraits du "Deuxième sexe".

"Certainement, il ne faut pas croire qu'il suffise de modifier sa condition économique pour que la femme soit transformée: ce facteur a été et demeure le facteur primordial de son évolution; mais tant qu'il n'a pas entraîné les conséquences morales, sociales, culturelles, etc. qu'il annonce et qu'il exige, la femme nouvelle ne saurait apparaître; à l'heure qu'il est elles ne se sont réalisées nulle part, pas plus en U.R.S.S. qu'en France ou aux U.S.A.; et c'est pourquoi la femme d'aujourd'hui est écartelée entre le passé et l'avenir; elle apparaît le plus souvent comme une «vraie femme» déguisée en homme, et elle se sent mal à l'aise aussi bien dans sa chair de femme que dans son habit masculin. Il faut qu'elle fasse peau neuve et qu'elle se taille ses propres vêtements. Elle ne saurait y parvenir que grâce à une évolution collective."
"Ce qui serait surtout profitable à la jeune fille, c'est que ne cherchant pas dans le mâle un demi-dieu mais seulement un camarade, un ami, un partenaire-elle ne serait pas détournée d'assumer elle-même son existence; l'érotisme, l'amour prendraient le caractère d'un libre dépassement et non celui d'une démission; elle pourrait les vivre comme un rapport d'égal à égal."
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"...le pénis se laisse manipuler, à travers lui on peut agir, ce qui est un des profonds intérêts de l'enfant... Il semble aux fillettes que le garçon, ayant le droit de toucher son pénis, peut s'en servir comme d'un jouet tandis que leurs organes à elles sont tabous."
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"Elle a un extrême souci de tout ce qui se passe au-dedans d'elle, elle est dès le départ beaucoup plus opaque à ses propres yeux, plus profondément investie par le trouble mystère de la vie, que le mâle. Du fait qu'il a un alter ego dans lequel il se reconnaît, le petit garçon peut hardiment assumer sa subjectivité; l'objet même dans lequel il s'aliène devient un symbole d'autonomie, de transcendance, de puissance: il mesure la longueur de son pénis; il compare avec ses camarades celle du jet urinaire; plus tard, l'érection, l'éjaculation seront sources de satisfaction et de défi. La petite fille cependant ne peut s'incarner dans aucune partie d'elle-même. En compensation on lui met entre les mains, afin qu'il remplisse auprès d'elle le rôle d'alter ego, un objet étranger : une poupée."
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"En vérité, l'influence de l'éducation et de l'entourage est ici immense. Tous les enfants essaient de compenser la séparation du sevrage par des conduites de séduction et de parade; on oblige le garçon à dépasser ce stade, on le délivre de son narcissisme en le fixant sur son pénis; tandis que la fillette est confirmée dans cette tendance à se faire objet qui est commune à tous les enfants. La poupée l'y aide, mais elle n'a pas non plus un rôle déterminant; le garçon aussi peut chérir un ours, un polichinelle en qui il se projette; c'est dans la forme globale de leur vie que chaque facteur : pénis, poupée, prend son poids"
Pour en savoir plus sur Simone de Beauvoir:
Simone de Beauvoir Censurée.
Cette entrevue de Wilfrid Lemoine avec la philosophe et auteure Simone de Beauvoir n’a jamais été vue en entier jusqu’à aujourd’hui. Censuré par la direction de Radio-Canada, sous la pression de l’archevêché de Montréal, le document n’a pas été diffusé le 13 novembre 1959 comme prévu. À la mort de Simone de Beauvoir, en avril 1986, sa diffusion est programmée, mais les éliminatoires de la saison de hockey occupent la case horaire, et le public ne verra qu’un extrait des 40 minutes originales pendant lesquelles Beauvoir parle, entre autres, de l’existentialisme, de la religion et du mariage.
Des autres vidéo su Simone de Beauvoir.

vendredi 1 février 2008

Le Palmares Officiel du Festival d'Angouleme 2008.

Les primés reunis autour du Président de la 35 eme édition du Festival International de la Bandé Dessinée d'Angouleme, José Munoz.

FAUVE D'OR : PRIX DU MEILLEUR ALBUM
«LA OU VONT NOS PERES» de Shaun Tan Dargaud
Un homme arrive dans une étrange contrée et tente de s'habituer à la vie et aux mœurs bizarres des habitants de ce pays. Il a laissé derrière lui femme et enfants pour leur assurer une vie meilleure... Shaun Tan, dessinateur australien né en 1974, traite ici du thème de l'immigration sous une forme métaphorique, convoquant une imagerie fantasmagorique. En résulte une histoire universelle, car tout un chacun pourra s'identifier au parcours de cet homme, à travers les yeux duquel le lecteur vit l'expérience tantôt douloureuse, tantôt enthousiasmante de l'adaptation à une autre culture.

ESSENTIEL FNAC SNCF
«KIKI DE MONTPARNASSE» de Catel & Bocquet Ecritures / Casterman

En 1913, une gamine mal dégrossie qui se nourrit de saucissons à l'ail et de vin rouge quitte sa bourgogne natale pour s'installer à Paris. Rien ne la prédestinait à une carrière artistique, mais la jeune fille a un flair de coquette pour repérer les jeunes talents capables de la peindre, de l'embellir et de la rendre éternelle. Cette première biographie dessinée de Kiki de Montparnasse signée Catel et Boquet nous plonge dans le Paris très libertin des années 20 et raconte avec émotion la grandeur et la décadence d'une véritable star.

LES ESSENTIELS D'ANGOULEME «EXIT WOUNDS»de Rutu ModanActes Sud BDIsraël, 2002.

Liés malgré eux par l'identité inconnue d'une victime d'attentat kamikaze, Numi et Koby mènent l'enquête pour retrouver un homme - l'amant de la première, le père du second. A travers leurs recherches désespérées, ponctuées de bonnes et de mauvaises surprises, Rutu Modan (née en 1966) dresse le portrait d'une société en perte de repères, et, plus symboliquement, de pères... Porté par un dessin minimaliste, ce roman graphique apporte, par le prisme de la fiction, un témoignage humaniste de la vie au Proche-Orient.

«MA MAMAN EST EN AMERIQUE, ELLE A RENCONTRE BUFFALO BILL»de Jean Regnaud & Emile Bravo Gallimard.
Jean, un petit garçon touchant, nous dévoile ses petites aventures du quotidien avec son institutrice revêche, son papa surbooké, sa nounou Yvette (la reine du chocolat glacé), sa voisine Michèle ainsi que son petit frère Paul (avec qui il n'arrête pas de se battre)... Toutes ces petites choses banales et drôles qui semblent faire de lui un petit garçon comme les autres. Même s'il cherche à fuir cette question : « Où elle est ma maman ? ». Avec sensibilité et émotion, Bravo et Regnaud racontent ces moments de vie en nous rappelant que les enfants ne sont pas seuls à préférer s'inventer des histoires plutôt que d'affronter la réalité...

«LA MARIE EN PLASTIQUE»de Pascal Rabate & David Prudhomme Futuropolis
Sous le toit d'un pavillon de province vivent trois générations d'une même famille. Le père est artisan, la mère reste au foyer, et les deux enfants sont sans histoire. Il n'en va pas de même pour les grands-parents maternels. Lui bouffe du curé à tous les repas, elle revient de Lourdes avec dans sa valise une statuette en plastique représentant la Vierge. L'altercation entre les deux aïeuls ne tarde pas et toute la famille en profite... Le reste, dont un miracle et un repas de communion solennelle, est à la fois hilarant et dérisoire. La réussite de Rabaté est de nous rendre palpitants et surtout drôles des moments que nous connaissons tous intimement comme insignifiants, voire pénibles. David Prudhomme met cela en images avec une clarté et une fluidité qui n'empêchent pas les audaces chromatiques et de découpage.

«R.G.»de Peeters & DragonBayou / Gallimard

Que sait-on de la vie des policiers, au-delà des clichés du polar ? Ce récit très réaliste nous plonge dans le quotidien d'un inspecteur, en dévoilant le secret des planques, des heures passées dans les camionnettes banalisées, des photos prises aux téléobjectifs et des filatures... Ces « effets de réel » particulièrement impressionnants ont été inspirés par un vieux briscard des renseignements généraux. Une ambiance de vécu à 400% grâce au récit de Pierre Dragon et au dessin saisissant de Frederik Peeters, qui réalise l'un de ses albums les plus inattendus.

«TROIS OMBRES» de Cyril PedrosaShampooing / Delcourt
Reclus du monde et de ses malheurs, Joachim et ses parents vivaient en paix au creux des collines, jusqu'à ce que l'ombre de trois mystérieux cavaliers n'apparaisse et ne vienne perturber leur tranquillité. Dès lors, le destin de Joachim va se trouver irrémédiablement changé. Pour échapper à la menace des trois ombres, il ne lui restait plus qu'une issue : fuir ou se soumettre. C'est évidemment la première option que choisit le père du garçon, en se lançant à corps perdu dans un long et périlleux voyage, à l'issue incertaine. Magnifique parabole sur la mort insupportablement douloureuse d'un enfant, ce conte initiatique est porté par un graphisme au dynamisme époustouflant.
ESSENTIEL REVELATION «L’ELEPHANT» de Isabelle Pralong Vertige Graphic.
Entre votre travail de costumière de théâtre, votre mari, vos enfants, vous vivez une vie régulière, heureuse. Et voilà qu'on vous appelle de l'hôpital pour vous dire que votre père est dans le coma. Un père que vous ne connaissez pas, puisqu'il a déserté votre vie depuis le début. Comment accepter cette soudaine irruption et aussi, comment se débrouiller de sa mort, annoncée comme proche ? Voilà ce que raconte Isabelle Pralong, en une suite de courts chapitres dépourvus de pathos, dans un traitement graphique expressionniste. Du refus initial à une forme de réconciliation avec cet homme inconnu, et finalement avec soi-même, tout est dit dans ce bel album avec une pudeur et une justesse remarquables.
ESSENTIEL PATRIMOINE

«MOOMIN» de Tove Jansson Le Petit Lézard

Tove Jansson, artiste finlandaise (1914-2001), fut peintre et illustratrice, mais surtout l'auteur des aventures de Moomin le Troll, personnage inventé pendant la Seconde Guerre mondiale pour apporter un peu d'évasion et de réconfort aux enfants. Lue depuis cette époque dans le monde entier et considérée comme un classique, cette œuvre romanesque relevant du merveilleux et de l'humour fut adaptée en bande dessinée par Tove Jansson elle-même, ensuite remplacée par son frère Lars. Ce premier recueil, d'une production irréprochable, permet d'entrer de plain-pied dans un monde folâtre et imprévisible, peuplé de créatures étranges (des Snorks, des Hatifnattes, un Stinky vorace qui sent extraordinairement mauvais...) et pourtant immédiatement familières. Recommandé aux enfants de tous les âges !

PRIX RENE GOSCINNY

«Le guide du moutard» de Jul Vents des Savanes