dimanche 3 février 2008

Créer par la contrainte. L’OULIPO, mode d’emploi.

«L’Oulipo n’est pas une école, c’est une crèche où, en cachette des parents et des pions, nous jouons à faire entrer des cylindres dans des trous carrés et des cubes dans des trous ronds. Et ça marche ? Ça dépend des jours.» François Caradec.
William Heath Robinson, (1872-1944) «Six-handed Draughts», Inventions, Londres, Duckworth, 1973.
Réunions privées, lectures publiques, ateliers d’écriture… depuis sa création, les activités de l’Oulipo se déploient entre une volonté de confidentialité qui a pu lui donner des allures de société secrète et celle de partager avec le public son exploration des ressources infinies de la littérature et de la langue. L’Oulipo acronyme «Ouvroir de Littérature Potentielle» a coutume de présenter ses membres ainsi
Fondé en 1960 par Raymond Queneau, écrivain et poète frotté de mathématique, et François Le Lionnais, homme de sciences passionné de littérature, l’Oulipo ressemble à l’origine un groupe d’amoureux des lettres en rupture avec certaines conceptions de littérature. Leurs réferences? DADA et l’écriture automatique, Le Surréalisme et son pari sur le hasard, l’engagement de type sartrien, jusqu’aux CUT-UP de William Burroughs.
Les membres de l’OULIPO.

L'actuel président du groupe est Paul Fournel. Le projet réunit des personnages de tous horizons, mathématiciens, écrivains, logiciens et poètes : Noël Arnaud, Valérie Beaudouin, Marcel Bénabou, Jacques Bens, Claude Berge, André Blavier, Paul Braffort, Italo Calvino, François Caradec, Bernard Cerquiglini, Ross Chambers, Stanley Chapman, Marcel Duchamp, Jacques Duchateau, Luc Étienne, Frédéric Forte, Paul Fournel, Anne F. Garréta, Michelle Grangaud, Jacques Jouet, Latis, François Le Lionnais, Hervé Le Tellier, Jean Lescure, Harry Mathews, Michèle Métail, Ian Monk, Oskar Pastior, Georges Perec, Raymond Queneau, Jean Queval, Pierre Rosenstiehl, Jacques Roubaud, Olivier Salon, Albert-Marie Schmidt.

Les références.
Après la seconde guerre mondiale les auteurs de l’Oulipo vont ainsi à l'encontre d'un long processus de libération que les romantiques avaient amorcé. Interrogeant les règles anciennes comme celles de la tragédie classique ou du sonnet ou inventant de nouvelles méthodes de production ou de transformation des textes, les passionés des contraintes pouvaient éprouver les potentialités structurelles de la langue et du récit ou explorer leur propre inconscient. Ce mouvement a des ancêtres dans l'aventure littéraire européenne, en particulier les Grands rhétoriqueurs du début de la Renaissance. Les Oulipiens ont en effet expérimenté beaucoup des possibilités de la langue : jeux de mots, techniques lettristes et des poèmes mots-croisés pouvant se lire dans tous les sens... ces Les premiers travaux de littérature potentielle ont été publiés par le Collège de ’Pataphysique, science à laquelle Alfred Jarry a voué son existence.
Depuis sa fondation l’Oulipo se réunit une fois par mois pour échanger sur les découvertes et les inventions de ses membres. Ces séances se tiennent dans une atmosphère amicale et rieuse, qui fait la part belle au jeu, à la fantaisie et à l’humour. Le rituel créatif qui n’a, semble-t-il pas changé. Un rituel de création par la contrainte, qui se déploie de la célébration de l’algèbre jusqu’à jouer et à déjouer les règles la langue dans la fantaisie et la liberté.

Site officiel :
http://www.oulipo.net/

Pour suivre l’actualité de l’OULIPO à PARIS: Les Jeudis de l’Oulipo 2007-2008
Les lectures de l’Oulipo reprennent à la BNF, pour une nouvelle saison. L’occasion pour le public de découvrir et de partager avec des écrivains les délices d’un moment de fête du langage créatif.

14 février 2008 : L'amour, toujours

13 mars 2008 : Les paris de Pascal (et François)

10 avril 2008 : Texticules

15 mai 2008 : Momies oulipiennes

5 juin 2008 : Oulipolyglotte

Les lectures ont lieu à la BIBLIOTHEQUE FRANCOIS MITTERRAND
Quai François Mauriac Paris 13eme
RER C,
Métro : ligne 14 (Bibliothèque)
ligne 6 (Quai de la Gare)

Jouer des mots ! Au Théâtre du Rond Point.

www.theatredurondpoint.fr/saison/fiche_spectacle.cfm/42593-oulipo--pieces-detachees.html

Pour commencer à créer soi-même par la contrainte !

Raymond Queneau, alias le Rauque Anonyme, fondateur de l'OULIPO grâce à son ouvrage "Cent mille milliard de poèmes", il nous permet de composer cent mille milliard de poèmes. Voici comment se présente ce dispositif de création littéraire : il est composé de dix pages, avec un sonnet différent par page (un sonnet : un poème de quatorze vers). En fait, chaque vers est sur une languette, que l'on peut rabattre à volonté. Ce qui permet de les combiner à l'infini, et de créer 10 puissance 14 poèmes. Queneau conclut l'introduction de son œuvre en citant Lautréamont : " la poésie doit être faite par tous, et non par un".

LA CONTRAINTE DU MOIS.
EODERMDROME.
On choisit cinq lettres qu’on place au sommet d’un pentagone régulier. Les lettres doivent être telles qu’il existe un parcours passant une fois et une seule par chacun des côtés et diagonales du pentagone, tel qu’on obtienne ainsi en lisant à la suite les lettres rencontrées un monostiche de onze lettres
Exemple
S U R T O U T S O R S
Des eodermdromes de syllabes, de mots, etc. sont
(…)