«Quel malheur que d’être femme ! et pourtant le pire malheur quand on est femme est au fond de ne pas comprendre que c’en est un.» Soren Kierkegaard.
Simone de Beauvoir aurait aujourd'hui 100 ans et portant ses écrits demeurent contemporains. Plus de 50 ans après sa publication, Le Deuxième Sexe est encore l’ouvrage de référence des féministes à travers le monde.La prémiere fois que j'ai lu ce texte c'était en 2005, aprés avoir véçu 5 ans en France. Cette lecture a profondement marqué mon ésprit. Ma culture, mon histoire, mon éducation ont basculé, il s'agissait d'un véritable choc culturel. Depuis, je suis à la recherche d'une femme "nouvelle", qui serait capable de se reinventer "libre" en changeant de perspective à son égard et envers les autres. Mais avant d'etre un modèle pour les femmes par son idéal de "etre libre et de choisir librement son destin" Simone de Beauvoir, répresente aujourd'hui un modéle pour l'humanité intiere.
Simone de Beauvoir est née à Paris le 9 janvier 1908. Agrégée de philosophie en 1929. Compagne de vie du philosophe existentialiste Jean-Paul Sartre, elle publie son premier livre, L’Invitée, en 1943. Romancière et essayiste, elle reçoit le prix Goncourt en 1954 pour son roman Les Mandarins. Sa riche œuvre autobiographique (Mémoires d'une jeune fille rangée, La Force de l'âge, La Force des choses, Tout compte fait) porte un regard sur sa vie, ainsi que sur son engagement politique et philosophique. Elle meurt à Paris le 14 avril 1986.
Le Deuxième Sexe, ouvrage publié en 1949, a d’ailleurs été mis à l’index par l'eglise. La publication de l’essai Le Deuxième Sexe en 1949 bouleverse le paysage intellectuel français. À travers l’observation des femmes – l’ouvrage n’est nullement autobiographique –, Beauvoir démolit l’image de l’idéal féminin de l’après-guerre : mère au foyer, éducatrice-née, femme heureuse de son sort. La droite catholique tout comme la gauche communiste fustigent l’ouvrage.
«La femme est tout ce que l’homme appelle et tout ce qu’il n’atteint pas.»
"Je veux tout de la vie, être une femme et aussi un homme, avoir beaucoup d’amis, et aussi la solitude, travailler énormément, écrire de bons livres, et aussi voyager, m’amuser, être égoïste, et aussi généreuse… " extrait de Mémoires d'une jeune fille rangée.
Simone de Beauvoir à été souvent considérée comme "La compagne de Satre". Ce statu qui fascine mais tend souvent à éclipser les autres facettes de l'écrivain et du philosophe engagée. Ma comment la "jeune fille rangée" est-elle devenue l'auteur du Deuxième sexe? Il lui a d'abord fallu s'affrachir de son milieu bourgeois et de son éducation conventionelle. S'affrenchir ensuite des tabus de son siècle en refusant le mariage et en reinventant son couple avec Sartre. Une construction qui ne va d'ailleurs pas sans découvenues dont ses romans sont nourris (L'Invité et Les Mandarins).
Simone de Beauvoir a su s'affranchir enfin de sa condition de femme. En 1949, avec la publication du Deuxième sexe, elle montre que la "société des males" a fabriqué la femme pour mieux l'asservir aux traveaux domestiques et à la fonction maternelle. Pour la première fois, le concept de "femme" est théorisé comme construction culturelle; la notion de "genre" inventée.
Extrait de "Mémoires d'une jeune fille rangée".
"Pourquoi ai-je choisi d'écrire? [...] La première raison, c'est l'admiration que m'inspiraient les écrivains [...] les livres, tout le monde les lisait: ils touchaient l'imagination, le coeur; ils valaient à leur auteur la gloire la plus universelle et la plus intime. En tant que femme, ces sommets me semblaient en outre plus accessible que les pénéplaines; les plus célèbres de mes soeurs s'étaient illustrées dans la littérature. [...] En écrivant une oeuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais mon existence. en même temps, je servirais l'humanité: quel plus beau cadeau lui faire que des livres?"
Extraits du "Deuxième sexe".
"Certainement, il ne faut pas croire qu'il suffise de modifier sa condition économique pour que la femme soit transformée: ce facteur a été et demeure le facteur primordial de son évolution; mais tant qu'il n'a pas entraîné les conséquences morales, sociales, culturelles, etc. qu'il annonce et qu'il exige, la femme nouvelle ne saurait apparaître; à l'heure qu'il est elles ne se sont réalisées nulle part, pas plus en U.R.S.S. qu'en France ou aux U.S.A.; et c'est pourquoi la femme d'aujourd'hui est écartelée entre le passé et l'avenir; elle apparaît le plus souvent comme une «vraie femme» déguisée en homme, et elle se sent mal à l'aise aussi bien dans sa chair de femme que dans son habit masculin. Il faut qu'elle fasse peau neuve et qu'elle se taille ses propres vêtements. Elle ne saurait y parvenir que grâce à une évolution collective."
"Ce qui serait surtout profitable à la jeune fille, c'est que ne cherchant pas dans le mâle un demi-dieu mais seulement un camarade, un ami, un partenaire-elle ne serait pas détournée d'assumer elle-même son existence; l'érotisme, l'amour prendraient le caractère d'un libre dépassement et non celui d'une démission; elle pourrait les vivre comme un rapport d'égal à égal."
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"...le pénis se laisse manipuler, à travers lui on peut agir, ce qui est un des profonds intérêts de l'enfant... Il semble aux fillettes que le garçon, ayant le droit de toucher son pénis, peut s'en servir comme d'un jouet tandis que leurs organes à elles sont tabous."
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"Elle a un extrême souci de tout ce qui se passe au-dedans d'elle, elle est dès le départ beaucoup plus opaque à ses propres yeux, plus profondément investie par le trouble mystère de la vie, que le mâle. Du fait qu'il a un alter ego dans lequel il se reconnaît, le petit garçon peut hardiment assumer sa subjectivité; l'objet même dans lequel il s'aliène devient un symbole d'autonomie, de transcendance, de puissance: il mesure la longueur de son pénis; il compare avec ses camarades celle du jet urinaire; plus tard, l'érection, l'éjaculation seront sources de satisfaction et de défi. La petite fille cependant ne peut s'incarner dans aucune partie d'elle-même. En compensation on lui met entre les mains, afin qu'il remplisse auprès d'elle le rôle d'alter ego, un objet étranger : une poupée."
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"En vérité, l'influence de l'éducation et de l'entourage est ici immense. Tous les enfants essaient de compenser la séparation du sevrage par des conduites de séduction et de parade; on oblige le garçon à dépasser ce stade, on le délivre de son narcissisme en le fixant sur son pénis; tandis que la fillette est confirmée dans cette tendance à se faire objet qui est commune à tous les enfants. La poupée l'y aide, mais elle n'a pas non plus un rôle déterminant; le garçon aussi peut chérir un ours, un polichinelle en qui il se projette; c'est dans la forme globale de leur vie que chaque facteur : pénis, poupée, prend son poids"
Pour en savoir plus sur Simone de Beauvoir:
Simone de Beauvoir Censurée.Cette entrevue de Wilfrid Lemoine avec la philosophe et auteure Simone de Beauvoir n’a jamais été vue en entier jusqu’à aujourd’hui. Censuré par la direction de Radio-Canada, sous la pression de l’archevêché de Montréal, le document n’a pas été diffusé le 13 novembre 1959 comme prévu. À la mort de Simone de Beauvoir, en avril 1986, sa diffusion est programmée, mais les éliminatoires de la saison de hockey occupent la case horaire, et le public ne verra qu’un extrait des 40 minutes originales pendant lesquelles Beauvoir parle, entre autres, de l’existentialisme, de la religion et du mariage.
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