jeudi 29 mai 2008

Exposition "Kitch catch". Le catch entre farce, spectacle populaire et performance physique.

Dépêchez-vous !
Vous avez encore une semaine pour visiter l’exposition «Kitsch Catch» en programme jusqu’au 8 juin 2008 à la Maison Folie de Wazemme de Lille.
Une exposition très riche, amusante, et décalée qui présente quarante artistes, une centaine d'œuvres (parmi lesquelles des peintures de Hervé Di Rosa, des dessins de Lewis Smith ou des broderies de Sandrine Pelletier) et de nombreux documents et des éléments issus de la culture populaire : ex-voto mexicains, jouets, jeux vidéo ou encore pochettes de disques, des masques et des paillettes célébrant les mythes et l'histoire du catch de ses origines à nos jours. Le jeune commissaire de l’expo Barnabé Mons qui présente au sein de l’exposition sa collection personnelle définis ainsi le catch : «Le catch incarne la transgression, c’est un univers outrancier intelligible à l’extrême». Un ring pour des combats est présenté au milieu des salles, animé pendant toute la durée de l’exposition avec des vrais combats. En confrontant des pièces issues d’Europe, du Mexique, du Japon et des USA, l’exposition dévoile différents facettes du catch et met en évidence des thématiques communes : identité et anonymat, morale et sentiment religieux, violence et simulacre, érotisme, lutte sociale et politique.
Le catch qu’on appelle dans les pays anglophones professional wrestling, est sans doute plus proche d'un spectacle que du sport.
Le terme catch ("attraper" en français) peut être considéré comme un faux anglicisme car dérivé de l'ancienne expression anglaise catch-as-catch-can, en français « attrape-le comme tu peux ».

Hulk Hogan, pendant l'une de ses spectaculaire performance.

The Undertaker.

Comment, oublier alors les héros de votre adolescence ?
L’exposition vous permettra de redécouvrir quelque protagoniste du monde du catch. Des homes à l’allure parfois grotesque et aux pseudonymes improbables comme: Hulk Hogan The Iron Sheik, Andre the Giant, Bret Hart, Shawn Michaels, Triple H, Stone Cold, Batista, John Cena, Chris Jericho, Jeff Hardy, Matt Hardy, Rey Mysterio, The Undertaker.

Comment oublier alors André le Géant ?

André est né à Coulommiers, en Seine et Marne. La grossesse de sa mère, Marianne, a donné lieu à des problèmes lors de l'accouchement. Les chiffres qui ont circulé à son sujet de 2,23 m (7 pieds, 4 pouces) et 245 kilogrammes (540 livres anglo-saxonnes) étaient néanmoins exagérés, afin de rendre le personnage encore plus impressionnant. En réalité, on pense qu'André mesurait environ 2,18 m pour un poids compris entre 200 et 250 kg. Mais son employeur Vince McMahon, propriétaire de la WWE, souhaitait le promouvoir comme «le plus grand athlète du monde ».
Le catch s'est très développé surtout aux USA et au Mexique (lucha libre) ou il est très apprécié comme spectacle populaire et collectif et il présente également une version féminine :
Voir la vidéo
http://tinyurl.com/55qmzc

La Maison Folie de Wazemme.
Ancienne filature aux murs datés de 1855, l’usine Leclerc est réhabilitée par l’agence néerlandaise NOX et l’architecte Lars Spuybroek pour devenir, au lancement de Lille 2004, Capitale européenne de la Culture.

Informations pratiques :
Exposition produite dans le cadre de la Quinzaine de l'Entorse - Ring Arts http://www.entorse.org/

par la Gamelle Publique avec la Maison Folie Wazemmes de Lille

70 rue des Sarrazins59000 Lille

Accès : Métro Gambetta, Wazemmes, Montebello

Horaires d'ouverture des expositions : mercredi-samedi : 14h > 19h dimanche 10h > 19h.

Accès libre

Directeur : Olivier Sergent
Durée : du 25 avril au 8 juin 2008
Commissaires d'exposition : Barnabé Mons et Pascal Saumade.

Link : http://www.myspace.com/kitschcatch
Les artistes : Sophia Allison, Lionel Bayol Themines, Manuel Baumen, Lucie Burton, Chéri Bibi, Collectif 1980, Combas, Hervé Di Rosa, Doc Atomic, Shawn Gallagher, Lourdes Grobet, Charles Glaubitz, Thorsten Hasenkamm, Rachel Hoffman, Daniel Johnston, Thomas Jouanneau, Ted Lewin, Wes Massey, Marjorie, David Mecalco, Michelle-Ann Dix, Minirine, Sandrine Pelletier, Ryan Roth, Run, Jean Sébastien Ruyer, Douglas Paul Smith, Lewis Smith, Dominique Théâte, Toffeur, Tom de Pekin, Enrique et Gerardo Velez, Vilchis Hermanos, Chuckie Williams, Jasper Wong, Zito.

Le monde où l’on catche.
La vertu du catch, c’est d’être un spectacle excessif.
Extrait de Roland Barthes, Mythologies, Éditions du Seuil, Paris, 1957.

On trouve là une emphase qui devait être celle des théâtres antiques. … Il y a des gens qui croient que le catch est un sport ignoble.
Le catch n’est pas un sport, c’est un spectacle…Le public se moque complètement de savoir si le combat est truqué ou non, et il a raison ; il se confie à la première vertu du spectacle, qui est d’abolir tout mobile et toute conséquence : ce qui lui importe, ce n’est pas ce qu’il croit, c’est ce qu’il voit.
… Ainsi la fonction du catcheur, ce n’est pas de gagner mais d’accomplir exactement les gestes qu’on attend de lui, le catch propose des gestes excessifs, exploités jusqu’au paroxysme de leur signification. … dans le catch, un homme à terre y est exagérément, emplissant jusqu’au bout la vue des spectateurs, du spectacle intolérable de son impuissance…
Le geste du catcheur vaincu signifiant au monde une défaite que, loin de masquer, il accentue et tient à la façon d’un point d’orgue, correspond au masque antique chargé de signifier le ton tragique du spectacle. Au catch, comme sur les anciens théâtres, on n’a pas honte de sa douleur, on sait pleurer, on a le goût des larmes.
… Comme au théâtre, chaque type physique exprime à l’excès l’emploi qui a été assigné au combattant. (Pour l’un, Thauvin , le) rôle est de figurer ce qui, dans le concept classique du « salaud » (concept clef de tout combat de catch), se présente comme organiquement répugnant. …on se sert ici de la laideur pour signifier la bassesse…
les catcheurs ont donc un physique, aussi péremptoire que les personnages de la Comédie italienne, qui affichent par avance, dans leur costumes et leurs, attitudes, le contenu futur de leur rôle : Pantalon ne peut être jamais qu’un cocu ridicule, Arlequin un valet astucieux et le Docteur un pédant imbécile, …
… Il s’agit d’une véritable Comédie Humaine, où les nuances les plus sociales de la passion (fatuité, bon droit, cruauté raffinée, sens du « paiement ») rencontrent toujours par bonheur le signe le plus clair qui puisse les recueillir, les exprimer et les porter triomphalement jusqu’aux confins de la salle. On comprend qu’à ce degré, il n’importe plus que la passion soit authentique ou non. Ce que le public-réclame, c’est l’image de la passion ; non la passion elle-même. Il n’y a pas plus un problème de vérité au catch qu’au théâtre. Ici comme là ce qu’on attend, c’est la figuration intelligible de situations morales ordinairement secrètes. …
Ce qui est ainsi livré au public, c’est le grand spectacle de la Douleur, de la Défaite et de la Justice.
* R. Barthes allait souvent voir du catch dans les salles de sport parisiennes. Dans ces spectacles, faussement appelés sportifs, il y voit du théâtre antique, de la "Commedia dell’arte" où les acteurs improvisent, toujours le même spectacle, celui de la justice, du paiement : il faut faire payer le salaud. Il y a du sens moral et des engouements populaires.