samedi 10 mai 2008

Monumenta 2008 : Richard Serra, un artiste péripatétique.

Depuis toujours dans l’art l’acte créatif est précédé par un geste «propédeutique» qui génère et anticipe la genèse d’une œuvre d’art.
Il y a des artistes qui créent d’après un dessin.
Il y a des artistes qui réalisent des maquettes.
Il y a des artistes qui réalisent des croquis.

Richard Serra semble être étranger à cette pratique.
Comme était dans l’Ecole Péripatétique, fondée par Aristote en 335 av. J.C., où ses adeptes philosophaient en déambulant et en conversant sous le peripatein, aujourd’hui cet artiste contemporain crée en marchant.
J’aimerais alors définir Richard Serra un «artiste péripatétique», puisque la genèse de ses œuvres est proprement liée à cet acte de réflexion et de déambulation du corps dans l’espace.
Cet acte me semble d’autant plus significatif puisque sa nouvelle installation s’intitule «Promenade».
Après 5 semaines de montage le Grand Palais a ouvert ses portes le 7 mai 2008 pour dévoiler au public une nouvelle installation spécialement réalisée et produite in-situ par l’artiste américain Richard Serra.
Deuxième artiste international proposé dans le cadre du programme gouvernementale Monumenta, Richard Serra fait suite à Anselm Kiefer.
Si le premier volet de Monumenta 2007 proposait une malheureuse scénographie cloisonnant l’espace dans une série de micro «white-cube» exposant les monumentales toiles de l’artiste allemand ; en revanche dans cette édition 2008 Richard Serra propose aux visiteurs de s’approprier l’espace de la nef du Grand Palais à travers une «Promenade» composée d’air, ciel, nuages, et lumière.
Si la «Chute d’étoiles» proposée par Kiefer l’année précédente nous avait enfermé, Serra a réussi a nous libérer et à nous rendre à nouveau protagonistes de son œuvre.
«Il s’agit d’une œuvre réalisée en se promenant, sans dessin, sans maquette», affirme Richard Serra pendant la conférence de presse, qui a eu lieu avant-hier.
Une conception qui est arrivée lentement en réfléchissant, en traversant l’espace et en marchant. «Marcher est une façon de mesurer l’espace, le mouvement crée les œuvres» affirme encore l’artiste.
Au public en suite de créer la mesure du lieu.
5 plaques de 73 tonnes chacune, exposent un métal brut et se succèdent au long des 200 mètres de la nef du Grand Palais. Richard Serra définis ces pièces «gothiques» et il les considère comme faisant partie de la même famille formelle de Threats of Hell, installation réalisée en 1990 au CAPC de Bordeaux. L’artiste défini en suite «baroque» l’installation réalisée pour le Guggenheim de Bilbao. La force de «Promenade» réside et se révèle en définitive dans son vide, dans cet espace au premier abord imperceptible, mais tellement présent : l’entre-deux.
L’œuvre de Richard Serra se manifeste et se dévoile seulement après avoir effectué une promenade, après avoir enveloppée complètement l’œuvre par notre déplacement, notre corps, notre regard. Même si l’impact avec l’installation est sans doute moins important à cause du choix de l’entrée latérale qui ne permet pas d’envelopper avec le regard la totalité de l’œuvre, je vous conseille vivement d’aller prendre de l’art, et d’aller vous promener au Grand Palais.
Informations pratiques :
Monumenta 2008 : Richard Serra
«Promenade» du 7 mai au 15 juin 2008
Grand Palais
Avenue Winston Churchill 75008 PARISMétro : lignes 1, 9, 13 / stations : Franklin Roosevelt, Champs-Elysées-Clémenceau Bus : lignes 28, 32, 42, 72, 73, 80, 83, 93Personnes à mobilité réduite : accès avenue Winston Churchill Horaires d’ouvertureTous les jours, sauf le mardiLundi et mercredi : de 10h à 19hJeudi / vendredi / samedi / dimanche : de 10h à 23hOuvert le jeudi 8 et le lundi 12 mai.
Site :
http://www.monumenta.com/2008/